Dolores avait un poids moyen quand elle est née. Rapidement, parce que l’allaitement allait bien, elle prenait bien son poids. J’étais pas le genre de mère à toujours mettre mon enfant sur une balance. Quand j’ai eu ma visite de routine de l’infirmière, après 5 jours, elle était surprise de deux choses : le tonus de ma fille qui tenait déjà bien sa tête et le fait qu’elle avait déjà repris son poids de naissance. 

Deux semaines et déjà un tonus d'enfer.
Crédit photo : Carolane Stratis.

Les choses continuaient de bien aller et j’ai eu mon premier rendez-vous avec ma médecin de famille. Après avoir mesuré/pesé ma fille, elle a pris la petite charte et m’a dit que mon bébé était dans les grandes et grosses. J’étais contente, fière même d’avoir fait un beau et grand bébé en santé. 

Ma feu grand-mère Stratis a eu 5 enfants et aucun ne pesait en bas de 10 livres à la naissance. Dans ma tête, c’était donc un poids normal et même une bonne chose. 

Contrairement à beaucoup de personnes, j’associe un-peu-plus-de-chair autour de l’os comme une bonne chose (notamment du fait que j’ai fait une dépression et que ça m’avait fait maigrir beaucoup trop, trop rapidement.). J’ai aucun problème avec les changements qui sont arrivés avec mon corps (sauf peut-être mes seins, mais on en reparlera).

Une semaine post-partum et moi qui montre ma bédaine qui ne veut rien savoir de dégonfler.
Crédit photo : Instagram Carolane Stratis.

 

Mon gros bébé, ses joues et ses plis me font donc le plus grand bien du monde. Dolores est proportionnée, drôle et intelligente. Ces temps-ci, je suis de plus en plus gossée par les remarques des gens à son égard. 

On la fat shame

La première fois que c’est arrivé, c’était ma belle mère qui m’a dit en blague : «C’est beau un gros bébé, mais tu feras attention quand elle grandira pour ne pas qu’elle reste grosse, sinon elle va se faire niaiser.» Dolores avait deux mois. J’ai regardé ma belle-mère, mon copain et son père puis je me suis mise à pleurer. Je ne pouvais pas penser qu’on puisse dire ça d’un si jeune enfant. Je sais qu’elle ne disait pas ça méchamment, du moins pas consciemment.

Dolores à deux mois et demi. 
Crédit photo : Carolane Stratis.

Encore aujourd’hui, une personne par semaine me parle du poids et des plis de ma fille. Ça se passe habituellement comme ça :

- «Wow ta fille est grande, elle a quel âge?
- 10 mois, elle est dans le 97e percentile.
- Elle a des grosses jambes et des gros bras.
- Oui, je sais!
- Est-ce qu’elle marche?
- Non, pas encore. 
- OK, en tout cas, inquiète-toi pas, elle va maigrir quand elle va être plus active.»

Ce à quoi je réponds toujours que je ne m’inquiète pas, qu’elle est correcte comme ça.

WTF la gang. Comment on peut tout de suite commencer à mettre de la pression sur l’apparence physique d’un bébé? 

Les adorables jambes/jambons de ma fille à 6 mois.
Crédit photo : Carolane Stratis.

Dolores est chanceuse parce que sa mère est vraiment conscientisée de l’image corporelle. Je vais essayer de désamorcer le plus possible toutes les remarques en lui expliquant la perception des gens. Reste qu’il faut quand même faire attention à la tournure des choses et l’apprentissage qu’on fait à nos enfants. 

Ma fille je l’aime, avec ses 25 livres, ses vêtements 18/24 mois et ses bourrelets de bras. Pis croyez-moi bien que je vais tout faire en mon possible pour lui apprendre comment s'aimer soi-même et aimer la nourriture avant même que l’idée lui vienne de vouloir la contrôler. 

Est-ce que vous avez déjà fait face à ce genre de remarque ? Trouvez-vous que ça va trop loin?