La semaine dernière, Marie-Jeanne vous expliquait ce qu’était un BABI, EABI. Suite à vos nombreuses réactions, j’ai eu envie de vous faire part de mon expérience personnelle.
 
Damien a mis 24 heures à naitre. J’ai passé à deux cheveux d’avoir une césarienne, mais sentant peut-être monter mon angoisse, nous avons travaillé fort et il est sorti. Le pauvre était tellement épuisé des dernières heures qu’il n’a même pas poussé un cri. J’avais enfin dans mes bras mon deuxième trésor, un beau bébé rose en parfaite santé ! Mon amoureux et moi étions estomaqués (et séduits) par son calme serein, rien ne semblait l’affecter : les tests, le bain, l’allaitement tout était si facile.
Jusqu’à sa septième journée de vie.

Crédit photo : Anne-Marie Pepin.

Un coup de baguette magique et mon fils est devenu un autre enfant. Cette fameuse journée de «transition» fut inquiétante pour nous : pourquoi Damien si paisible pleurait maintenant sans cesse? Nous l’avons cajolé, bercé, porté, emmailloté, allaité. Rien n’y faisait. Il pleurait, pleurait, pleurait, pratiquement 24h/24h.
 
Ont suivi visites chez le pédiatre, ostéopathe, naturopathe… On le trouvait tendu, épuisé, agité. On l’a même médicamenté pour du reflux gastrique. À chaque fois naissait en moi une onde d’espoir… et si cette fois on trouvait le problème? Si on le guérissait enfin du mal qui l’habite? Mais non, rien ne changeait, Damien hurlait sa vie à qui voulait l’entendre.
 
J’ai eu mal, je me trouvais incompétente, car je n’arrivais pas à le consoler ni l’apaiser. Je suis rapidement devenue une loque humaine, fiston ne dormait jamais plus de 30 minutes consécutives la nuit comme le jour. J’ai lâché prise et opté pour le co-dodo, ça m’a sauvé la vie. Je dormais les seins nus afin que bébé se serve lui-même, me permettant ainsi de me réveiller qu’à moitié.

 
Crédit photo : Mère Épuisée, livre de Stéphanie Allenou.
 

J’ai tout remis en question : mon alimentation, ma façon d’agir, mes valeurs et même ma relation de couple. Je vivais un épuisement profond et une solitude inouïe. Il m’était impossible de sortir ou de le faire garder (qui veut se faire casser les oreilles pendant 2 heures de temps) alors bref, j‘étais toujours en état d’urgence. Un fossé se creusait entre moi et mon entourage puisque chacun avait son mot à dire. Plus je sentais mon fils rejeté et critiqué, plus je le protégeais. Je suis devenue sa forteresse, avec la fausse impression d’être la seule à pouvoir le sauver.
 
Un jour, Damien a eu 10 mois et le sort fut rompu. Bon il ne dormait toujours pas et pleurait encore souvent, mais plus 24h durant. J’ai enfin pu connaître qui était mon fils en dessous de tous ces pleurs. C’était merveilleux de le voir sourire enfin!
 
Aujourd’hui fiston a 6 ans, il est débordant d’énergie, vif et allumé. C’est un vrai farceur! Il demeure un petit homme anxieux, s’effraie facilement et dort toujours avec nous, mais il est impossible de lui résister!
 

Parents de BABI, la détresse vous a-t-elle envahie pendant les périodes plus difficiles? Pouviez-vous compter sur votre entourage?