Faisons une petite mise en contexte honnête. Même en étant bisexuelle de façon très transparente et assumée, je n’avais jamais participé au défilé avant de commencer à travailler pour le GRIS-Montréal.
 
Le 17 août dernier, c’était donc mon deuxième défilé au sein du contingent du GRIS. Je n’ai jamais été anti- ou pro-défilé avant ça, disons que j’étais neutre. Quel univers de magie et d’euphorie fantastique à côté duquel je passais! Même si je finis par travailler pour une autre cause un jour, je suis officiellement abonnée au défilé pour le reste de mes jours. (À moins que toute la terre se réveille soudainement avant ma mort et que le besoin n’y soit plus… qui sait !)

L’an passé, j’ai eu à réfléchir à peu près 2,4 secondes quand on m’a demandé si je voulais amener mes enfants avec moi au défilé. Ma fille est difficile à gérer (elle court partout et j’aurais franchement peur qu’elle me glisse d’entre les mains), mais mon fils était déjà assez grand et mature pour être avec moi au milieu de plusieurs dizaines de bénévoles dansants.

Crédit photo : Hugo Bergeron

 Crédit photo : Hugo Bergeron pour le GRIS-Montréal
 

L'année dernière, pendant qu’on marchait vers le point de rencontre du défilé, mon fils m’a dit : «Est-ce que je suis gai Maman?». Ha! Ha! Je lui ai expliqué que ça serait à lui de voir de qui il tombera amoureux plus tard, et que l’important, ça sera juste qu’il ou elle soit gentil(le) avec lui! D’ailleurs, une des questions qu’on se fait souvent poser en allant rencontrer les jeunes c’est : «Mais comment tes enfants ont réagi?». J’ai donc raconté cette anecdote quelques fois pendant des interventions cette année. Souvent, les élèves me regardent avec un air un peu ébahi. Même un adolescent qui a 15 ans en 2014 a souvent entendu des propos homophobes et trouve ça fascinant qu'un enfant de 6 ans pense comme ça!
 
Cette année, mon chum et mon fils sont venus me rejoindre au début du défilé pour se mêler à la fête et mon chum m’a pris à part et m’a dit que fiston lui avait demandé pendant le trajet : «Mais qu’est-ce que ça veut dire gai?» Évidemment, le chum était pas mal surpris que la notion ne soit pas encore intégrée! J’en ai parlé avec mon fils, franchement troublée. Pour finalement découvrir que mon fils ne comprenait absolument pas pourquoi on devait toujours identifier les gens par leur orientation sexuelle quand elle sort du lot de la majorité. Il refuse d’intégrer des caractéristiques qui mettent inutilement les gens dans de petits compartiments facilitant le préjugé et l'ostracisme. C’est superbe, non?  Je rêve que notre société et le monde puissent se rendre à une telle banalisation! En attendant, on a encore beaucoup de travail à faire!
 
Avez-vous regardé le défilé avec vos enfants?