J'ai grandi deuxième de famille. Ma grande soeur a toujours eu plus de misère dans la vie que moi. Plus de difficultés à l'école, plus de problèmes de santé, plus d'histoires tristes dans sa vie, plus de drama. Moi j'étais là, performante à l'école, en pleine forme, capable de finir ce que je commençais. Pis, ben, on dirait que ça n'a jamais été assez. Pis elle a toujours fait des choix que mes parents auraient faits. Pis quand je dis mes parents, je dis surtout mon père. 

Mon père, c'est le moustachu sans habileté de communication typique. Pourvoyeur, c'est lui qui fait le gros salaire, fait que c'est lui qui tient les cordons de la sacoche. Moi j'suis plus proche de ma mère. Maman à la maison, c'est elle qui pourvoie et relaie l'amour et l'affection. Pis ça, ma soeur elle l'a compris. 

On va faire une histoire courte : j'ai grandi dans une famille où j'avais (et où j'ai encore) l'impression que mes parents ne m'ont pas donné tout ce qu'ils auraient pu. Des parents qui ont choké en chemin. Qui se sont dit on va remuer ciel et terre pour notre première fille, mais notre deuxième, ben a va apprendre. Anyway, est capable d'en prendre...

Le sentiment d'injustice que tout le monde a pendant l'adolescence, je l'ai eu. Fois mille. Pis je l'ai encore certains jours. 

J'en vois déjà me traiter de jalouse ou de brasseuse de marde. Que ma soeur qui avait plus de difficulté avait besoin de cette aide, de cette présence. Que moi je suis chanceuse d'avoir eu à vieillir avec de la facilité dans tout. Ben justement. Je comprends la chance que j'ai. Mais quand tu deviens parent, tout ça rebrasse dans ta tête. Pis la question c'est pourquoi?

Cette question là, j'y ai jamais trouvé de réponse. Pourquoi j'ai senti toute ma vie que je valais moins qu'elle? Que moi, la belle innocente, j'étais reléguée au deuxieme plan. 

Certaines personnes évoluent dans une famille où ils sont laissés à eux mêmes. En aucun cas c'est ce que je me serais souhaitée. Mais on finit par se demander si c'est possible d'aimer égal... de partir de la même place avec TOUS nos enfants. 

Je vous donne un exemple. L'aide financière aux études, chez nous, ça s'est résumé à donner une allocation hebdomadaire à ma soeur pour qu'elle poursuive ses études en art (qui ne lui serviront finalement pas), et une obligation pour moi de travailler et de prendre un prêt personnel pour payer mes études. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui peut paraître futile, mais qui te fait péter ta coche à quelques reprises quand tu es paumée et aux études et que ta soeur voyage et se fait des bouffes avec ses copines.

Essayer d'en parler avec mes parents, c'était se buter à un mur de béton armé. Fait qu'au bout de la ligne, tu te fais une carapace, tu te protèges. Aujourd'hui, je suis pratiquement plus près de ma belle-famille que de la mienne pis quand j'y pense, je frissonne un peu.

Je mènerai le combat de ma vie en essayant d'offrir le même type d'affection et de soutien pour chacun des enfants que j'aurai. Ça reste mon angoisse parentale numéro 1. Justice, équité, intégrité. Pis amour... ben de l'amour.

Avez vous déjà eu le feeling que vous deviez vous protéger de votre propre famille?