Ici, je ne ferai pas de règlement de comptes. Ça a été fait, il y a bien longtemps. #SicilianFight

The Godfather, Francis Ford Coppola, 1972. 
Crédit : Source

Quand je raconte cette histoire, on me dit souvent : « Hein?! Moi aussi! ». Alors, j'ai choisi de la partager avec vous.
 
L'histoire

Mon père n’a jamais accepté la séparation. Comme il ne pouvait plus avoir ma mère, il nous a voulues juste pour lui (ma sœur et moi). Mon père a voulu nous convaincre que ma mère était LA méchante. Il a tout fait, tout dit pour qu’on LE choisisse. Mais des enfants, ça ne veut pas choisir.
 
Mon père, il nous a beaucoup aimées. Mais, un amour possessif, ça étouffe.
 
Partir de chez mon père le dimanche soir, c’était un calvaire. L'angoisse du moment où je devrais lui rappeler le retour chez ma mère commençait le dimanche matin.
 
Des enfants, ça se rend compte quand un parent exagère.
 
Mon père a eu une conjointe. Elle passait son temps à dire qu’il fallait « sortir les fantômes de la maison. » Les fantômes? Ma mère, Mamie, ma sœur, moi! Mon père ne nous défendait pas. Mon père, un jour, l’a laissée. Ça s’est mis à aller mieux. Pendant un temps.
 
Un jour, mon père a recommencé à dire des « méchancetés » qui sonnaient comme ELLE. Il avait recommencé à la voir. Nous l’avons confronté. Il a avoué. Désormais, les engueulades étaient inévitables et atomiques. Tous les sujets y passaient. Je répliquais. Je défendais ma mère, ma sœur, moi.
 
À un moment donné, j'y ai mis fin. C’était toxique. À cette époque, je voulais mourir. Ça aurait été plus simple que de l'affronter hebdomadairement.
 
Nous n’y sommes plus retournées. J’avais 16 ans.
 
Quatre ans plus tard, ma sœur et moi sommes allées le revoir. Nous avons parlé. ELLE était au deuxième étage et faisait du bruit. On s’est réconciliés. On est sortis. Mon père pleurait. Mon père, il avait arrêté de pleurer à 4 ans. On s’est promis de se revoir, mais on ne l’a pas revu. Au téléphone, il a dit qu’on revenait pour l’argent... C’était ses mots à ELLE!
 
Mon père a coupé les ponts avec sa mère, avec sa sœur, avec tous les Caravecchia, des deux côtés de l'Atlantique.
 
Mon père s’est isolé. Il a dit : « Faites comme si j'étais mort ».


 ***
 

Longtemps, je n’ai pas voulu d’enfants. Je n’ai pas voulu être comme lui. Je suis tellement comme lui. Deux miroirs!
 
Finalement, j’ai eu des enfants, et mon père ne les connaît pas. Il a seulement eu une photo de mon Lapin. Il a dit : « J'ai tourné la page », mais il a quand même gardé la photo. Allez comprendre!

 C'est cette photo que je lui ai fait remettre. C'était en 2009, j'avais 28 ans.
Crédit : Sylvain Mimeault

Peu de temps après, je l’ai croisé par hasard. Je lui ai dit de s’approcher. De rencontrer le Lapin. Il a hésité, il dansait sur place. À la seconde où j’ai regardé ailleurs, il s'est sauvé. Elle l’attendait dans la voiture. Je l’ai vue.
 
Mon père ne rencontra pas mes enfants, parce qu'il ne le veut pas.
 
Malgré tout, je lui ai pardonné. Il a eu une enfance difficile et des exemples boiteux. Aujourd'hui, j'ai de la pitié pour cet homme qui vit dans l’amertume. « Amer », il le disait souvent. J'ai appris de ses erreurs. Et même si je suis comme lui, je ne ferai pas subir à mes enfants la même enfance. 
 
Vivez-vous ou avez-vous vécu une situation conflictuelle avec vos parents qui a marqué votre façon d'élever vos enfants?