Le 25 mars 2013, j’ai donné un rein à mon ami. On m’a suggéré d’écrire à ce sujet, parce que c’est peu commun. Sur le coup, ça ne me tentait pas trop. Parce que je me dis que les gens sont tannés d’en entendre parler, et avec le temps mon discours est moins posé et j’ai souvent l’air de dire aux gens : « Checke, man, c’est pas un si big deal que ça, pourquoi tu ne le fais pas toi aussi? ». De plus, je sais que des gens ont pensé que je le faisais pour avoir de l’attention. C’est répugnant comme idée, non? Vos sous-entendus se sont rendus à moi. Ça m’a donné la nausée, mais je suis ailleurs… Fait que, parlons-en de ce don de rein.

Je me suis tannée de me faire dire : « WOW, J’AURAIS JAMAIS FAIT ÇA! ». Pourquoi pas? Pourquoi on ne ferait pas ça, dans la vie, partager nos bouts de corps avec ceux qui en ont besoin? Je ne suis pas morte. Je suis en pleine santé. On m’a confirmé il y a 1 mois que mon rein restant a repris pleinement la production et que je filtre aussi bien que je filtrais à deux reins. Alors, comment aurais-je pu ne pas le faire? C’est plutôt la question que je me pose souvent. 

Évidemment, mes enfants ont eu l’air un peu spéciaux à la garderie à l’époque. Les éducatrices m’en ont parlé beaucoup, et je voyais bien les petits être éblouis par tant d’admiration pour leur banale maman qui aidait son ami. On m’a dit que leur vision du partage serait biaisée à jamais par la grandeur de ce don, ce à quoi je répondais en haussant les épaules. Je conviens que c’est une forme de partage plus inhabituelle (même si ça ne devrait pas être le cas selon moi), mais mes enfants se chicanent quand même pour le iPod ou le chapeau de Woody. Et vous ne me verrez jamais leur dire : « Là, là, maman partage ses organes, alors vous allez apprendre à vous gérer mes p’tits torieux. » 

Je pense que l’exemple que ça donne aux enfants, bien au-delà du partage, c’est celui de l’entraide. C’est ça que j'aimerais qu'ils retiennent : on ne laisse pas son ami dans la chnoute sans tout essayer pour l’aider du mieux qu’on le peut. 

J’espère leur inspirer des amitiés sincères et profondes, vraies. Ça vaut plus que deux reins de pouvoir aider un ami qu’on aime à la folie. 

Qu’est-ce que vous pensez du don d’organe vivant?