Pourquoi anonyme? Parce que, des fois, #lesgens ne sont pas ouverts d'esprit et que je ne veux pas que ce billet puisse nuire professionnellement à mon amoureux.

Pourquoi ce billet? Parce que j'aimerais pouvoir rassurer des parents d'enfants atteints d'un trouble du spectre autistique en leur partageant l'histoire heureuse de mon amoureux Asperger.

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J’ai toujours eu tendance à tomber amoureuse des weirdo. Si, en plus, ils ont une barbe, je suis en transe.
 
Lors de notre première date, son intelligence m’a fait chavirer (c’est siiiii sexy!). Ses connaissances étaient impressionnantes! Vraiment impressionnantes et je ne suis pas facilement impressionnable.
 
Lors de ce même souper, il m’a raconté qu’il s’était toujours senti à part, qu'il avait toujours été différent sans savoir pourquoi. Il m'a fait plusieurs autres aveux du genre. Je ne le trouvais pas barré, surtout pour une première date. Sa maladresse dans son approche de l’autre, je la trouvais cute.
 
On a commencé à sortir ensemble et au fil du temps, j’ai observé LA différence. Il était impulsif. Il comprenait systématiquement tout de travers quand il était question de sentiments ou de conventions sociales. Eh misère! Les conventions! Il avait des idées fixes, des habitudes inhabituelles (genre il se fâche si je ne range pas les assiettes en alternant les couleurs!) Et la communication... Pas facile quand on a l'impression de ne pas parler la même langue que l'autre.
 
Mais, LA différence qui m’a le plus frappée, c’est son incapacité à l’empathie. Il était in-ca-pa-ble de comprendre les émotions des autres. En fait, il était capable d'en prêter à nos chats, mais pas aux humains.


Oh! Sheldon chéri! Il nous a souvent aidé à dédramatiser la situation.
Vive The Big Bang Theory!

Crédit : Giphy

Un jour, je lui ai dit que je pensais peut-être savoir ce qui causait son « étrangeté ».
 
Peut-être qu'il avait le syndrome d'Asperger. Son comportement, ses manies et son approche de l'autre avaient des similitudes avec ceux d'adultes et d'enfants aspergers que j'avais connus.
 
Sa réaction ?
Il n’a pas été fâché. En fait, il était content. Il trouvait mon analyse hyper rationnelle! Ah la rationalité! Il a fait les tests et, oui, il est asperger, très léger, mais quand même asperger. 
 
Pour nous aider à comprendre son syndrome, on s’est informé. Le livre Le Syndrome d’Asperger. Guide complet1 nous a aidé. En le lisant, il s’arrêtait pour me dire : « Hey! J’étais comme ça enfant! » Par contre, la section sur la parentalité l’a inquiété ; les parents aspergers auraient plus de difficultés relationnelles avec leurs enfants. Ça lui a fait de la peine. Je lui dis que de savoir, c'était déjà un pas vers le « ce ne sera peut-être pas comme ça entre toi et bébé. »
 
Depuis, il travaille fort pour comprendre ce monde qui ne « parle pas la même langue que lui ». Et nous, nous essayons de comprendre « sa langue à lui ».

Quand bébé sera assez grand, nous lui expliquerons pourquoi papa est « bizarre » parfois.  Aujourd'hui, le chum en rit lui-même, et s'il « déconne » trop, je l’appelle Sheldon. C'est notre « code » pour qu'il sache qu'il « contrevient » aux conventions des neurotypiques. Dans ce temps, il me fait un sourire convenu et s'adapte, du moins, il essaie.

Avez-vous des exemples d’adultes autistes qui ont une vie somme toute « normale »?

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1 Tony Attwood, Le Syndrome d'Asperger. Guide complet, Montréal, Chenelière Éducation, 2009.