Dès la première semaine de ma première grossesse, l'homme m'a dit « Gars, fille, peu importe, moi je veux Élie comme prénom. C'est celui de mon grand-père que j'ai jamais connu, c'est mon deuxième prénom alors voilà. C'est génial comme nom. » J'essayais de trouver mieux, mais rien ne cliquait. Je me suis rappelée (je rougis un peu là) d'une liste que j'avais élaborée au secondaire, à la fin d'un journal intime; j'ai ressorti la liste pour y trouver  « Élie » en 7e position. 

Notre premier enfant s'appellerait Élie. On n'avait même pas encore annoncé la nouvelle qu'on avait trouvé son prénom! Easy shot.

Le tout s'est corsé quand je suis tombée enceinte une deuxième fois. Nous qui pensions que ce serait encore super facile de trouver un deuxième prénom. Ayoy-E! 

Suggestion. Veto. Suggestion. Veto. Ça a été long, longtemps, et il n'y avait pas manière de se convaincre. Il voulait des prénoms moches (selon moi) et moi, je voulais des prénoms moches (selon lui). Faut dire que mon mari vient de France, donc les références, les modes et les goûts ne sont pas les mêmes, vraiment pas les mêmes : « Tu trouves ça jolie, Manon? » Euuuh...

À ce moment, nous avions encore un chat qui était sans nom. Parfois, je le regardais passer et je me disais, « Merde, on va se ramasser avec un bébé sans nom si on s'enligne pas! ». Et j'y croyais vraiment.

Mother with Two Children de Egon Schiele
Source: Biblioklept

Un jour, il m'a suggéré « Egon » (prononcé É-gun, comme «fusil» en Anglais). Pour un garçon. J'ai éclaté de rire. Il était sérieux. D'après Egon Schiele, son peintre préféré. Ah bon, Egon... il y en a des pires, disons. 

Alors, j'ai suggéré « Émile ». Il a trouvé ça bien chou. Pour une fille. Il a éclaté de rire. J'étais sérieuse. Ah bon, Émile... il y en a des pires, disons.

Et comme ça, c'était fait. Si c'est un garçon, c'est Egon, et maman sera convaincue avec le temps et si c'est une fille, c'est Émile, et papa sera convaincu avec le temps. 

Let the games begin!

De temps en temps, on faisait des petites suggestions ici et là. Question de voir si l'autre n'avait pas envie de changer d'idée. L'homme m'a même montré un film culte français, La Cité de la Peur, pour me dissuader. Le meutrier, un grand, maigre avec une mauvaise haleine, s'appelle Émile. 

Pas de chance pour lui, j'ai absolument accroché sur le personnage et cela n'a pas du tout affecté mon choix. Pas grand chose l'aurait fait je crois... j'étais vendue. Je trouvais ça joli, doux et original. C'était un prénom qui me trottait en tête depuis longtemps et j'y tenais encore plus quand je pensais à nommer mon enfant Egon. Chacun ses goûts, mais ça ne me disait rien.

L'attente a été longue, mais trois jours après mes 37 semaines, nous avons finalement rencontré notre deuxième enfant: un beau bébé en pleine santé pesant 7 lbs 8 oz. 

Un bébé que nous allions apprendre à connaître, que nous aimerions peu importe son prénom... et qui, au final, le porte à merveille.

Est-ce que vous avez trouvé ça difficile la tâche de nommer des humains ou c'est venu super facilement?