J’ai toujours été vraiment active. Genre, ma mère dit que même bébé, j’étais trop occupée pour dormir plus de deux heures d’affilées ou pour manger plus qu’un oiseau. D’ailleurs, je tiens à prendre le temps d’offrir toutes mes excuses à ma famille pour les années de non-sommeil.

Sauf que cette année, c’était too much. Même avec juste deux cours. Le voyagement, souvent en autobus, avec les deux petits, dont une de 5 mois, les ostis de manteaux, la culpabilité de les envoyer à la garderie malgré le temps très partiel (2 jours), le tirage de lait dans les toilettes de l’Université de Montréal (coucou, c’était moi!), l’allaitement sur l’heure du midi entre deux cours… Mon corps s’est rebellé quand j’ai recommencé l’école.

Finalement, en novembre, le diagnostic est tombé : l’hyperthyroïdie modérée que je croyais contrôler grâce à la médication était en train de devenir immodérée. Les problèmes de thyroïde, paraît que tu niaises pas avec ça. Le médecin m’a chaudement recommandé de « brûler ça c’te glande-là, comme ça, on va être débarrassé ». Je lui ai demandé un sursis pour étudier mes options et il m’a redonné rendez-vous début février en me suggérant de ralentir mon train de vie.

Ce conseil-là, je l’ai suivi pis pas à moitié. J’ai lâché ma session d’hiver et sorti mes enfants de la garderie. J’ai opté pour un beat organique : pas de course, pas de stress, pas de chicane (haha I wish : mon fils est quand même dans son terrible two)! Je prends le temps d’étudier ma maladie pour mieux l’apprivoiser.
 

Chez nous, on oublie la vaisselle et on fait de la peinture un lundi matin.Chez nous, on oublie la vaisselle et on fait de la peinture un lundi matin.
Crédit : Charlotte Gagné

 

J’ai trouvé ça vraiment dur de faire le saut. Une chance que ma mère m’a poussée dans le dos backée, parce que je ne suis pas certaine que je ne l’aurais fait. Ce qui me désole le plus, c’est que je sais qu'il y a plein plein plein de femmes qui accomplissent bien plus que moi et qui sont capables. Pourquoi moi je n’y arriverais pas?

Le problème avec l’hyperthyroïdie, c’est qu’on est en hyper-TOUTE. Dont hyper-énergique des fois : on se sent invincible comme si on prenait de la coke. Comme la fois où j’ai marché deux heures dans la slush à -20 avec ma poussette double (en fait, les fois : je fais ça une fois par semaine, j'dois apprendre à me contrôler). J’ai un genre de syndrome d’hyper performance, mais sans l’anorexie pis avec des notes so-so.

Chaque fois que je dis aux gens que j’ai pris ma session off, je me sens obligée de me justifier, comme si le fait d’être malade avec deux bébés n’était pas assez. Comme si le fait de ne plus me définir par ce que je fais dans la vie, mais plutôt par ce que je suis avait besoin d’être expliqué. Peut-être que j’ai recommencé trop tôt, que j’aurais dû prendre une session de plus à la maison avec ma petite dernière. Je me rattrape, pour elle, mais aussi beaucoup pour moi. J’essaie de laisser faire la vaisselle ou le lavage et si je réussis à synchroniser les siestes, j’en profite pour me lover contre les petits corps chauds de mes bébés.

Parce que, aussi difficile que ça puisse être de l’admettre, c’est de ça que j’ai besoin. Pas de performer ni d’atteindre des objectifs. Juste d’être.

Avez-vous déjà été en congé de maladie? Avez-vous aussi eu de la difficulté à ralentir?