J'ai envie de vous parler de cette estifi de culpabilité qui vous a poppé dans le cerveau en même temps que vous poppiez votre tout premier bébé neuf. De vous parler de ce sentiment qui tue et qui arrive même bien avant la venue de l’enfant prodige. Il naît en même temps que la p’tite ligne rose sur le test de grossesse.

Oui, je me suis sentie coupable avant même que le chérubin fasse son entrée dans le monde. D’abord, en réalisant que j’avais mangé des sushis et bu du vin deux jours avant de passer le fameux test de grossesse. Ensuite, je m’en suis voulu d’avoir succombé une fois au fromage pas pasteurisé dans un buffet louche. Je m’en suis voulu aussi d’avoir pris un spa trop chaud et trop long pour une femme enceinte. Je m’en suis surtout voulu d’avoir osé faire l’épicerie en talons hauts, après une journée de travail, enceinte de 8 mois, et de planter de tout mon long dans l’allée des cochonneries.

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Une fois que bébé est là, c’est pire. Cette sensation d’angoisse est omniprésente. Je me demande si ma façon de faire est adéquate. Je remets en doute mon instinct, parfois brouillé par la fatigue. Les remarques de Guylaine-Huguette-Francine (le féminin de Pierre-Jean-Jacques…) me font douter. Et puis, la vie suit son cours. Je prends de la confiance en tant que mère. Une routine et une sécurité familiale s’installent. Je suis enfin à l’aise, mettons.

Et bébé devient un toddler. Une petite sœur s’ajoute même au clan. Pourtant, ce jugement vicieux que j’ai de moi-même me suit toujours. Sur une échelle de sentiments, ça varie entre dramatique et ridicule (du genre, « prends sur toi fille!»). Les enfants n’ont pas mangé assez de légumes aujourd’hui. J’arrive à la garderie beaucoup trop tard. J’ai encore dit non pour jouer à la Barbie. J’ai perdu patience et  j’ai chicané fort (lire crier). J’ai dit non à une histoire parce qu’il était rendu trop tard. J’ai sacré en voiture en leur présence. J’ai dit à ma grande que quand elle choisissait ses vêtements, elle avait l’air d’un clown cheap. Je me suis même trompée de journée récemment pour une activité costumée… Ben oui, elle était la seule de sa classe déguisée en p’tite vieille (le comble de la honte!).
 
Dernièrement, j’ai fait une introspection de ma vie de mère. Le constat est celui-ci : l’inquiétude et l’anxiété, ça ronge et c’est néfaste. Pour tout le monde. Je me suis plutôt mise à dédramatiser et à voir les choses du bon côté. Par exemple : non, les filles n’ont pas mangé assez de légumes aujourd’hui, mais les voir se licher les doigts, un sourire de bonheur au coin des lèvres, après avoir mangé la dernière frite du casseau, ben ça fait ma soirée. J’ai encore dit non pour jouer à la Barbie, mais j’ai fait des casse-têtes, de la peinture et un pas pire écureuil en pâte à modeler. J’ai dit non pour raconter une histoire un soir, mais la veille, j’en avais inventé une avec des noms d’animaux loufoques et les voix qui vont avec les personnages.
 
Malheureusement, je vais continuer de sacrer en voiture. C’est juste viscéral et incontrôlable. Je vais aussi probablement continuer de trouver que ma grande a des goûts vestimentaires  laittes en ta' particuliers. Mais bon, la perfection, c’est plate!
 
Il reste que les moments de fierté et de bonheur viennent mettre un baume. J’ai appris à lâcher prise. Dans le fond, la vie n’est pas si compliquée. À vrai dire, on se la complique nous-mêmes. Quand on pense aux choses de base, tout ce dont les enfants ont besoin, c’est de l’amour. Et ça, je crois que je le fais plutôt bien. En fait, je crois que c’est ce que je fais le mieux. Leur donner de l’amour, très fort. J’ose espérer que cette maudite culpabilité que je me mets entre les deux tympans et dans le cœur, mes enfants n’en sauront jamais rien. Et que malgré mes défauts, ma plus belle qualité est de les aimer profondément.

Quelles sont les choses dont vous vous sentez coupable en tant que mère?