Nouvelle maman avec une histoire de grossesse peu commune, je vous partage mon vécu de maman et d'infirmière de pédiatrie, mes angoisses, mes victoires, mes deuils et comment cette grossesse m'a transformée. La santé, c'est ma priorité, comment la garder ou la retrouver, même quand on est une maman bien occupée.

Première grossesse. 20 semaines de rêve déjà écoulées. Après quelques jours de douleur, me voilà étendue à l’urgence. Je suis infirmière. Je sais ce que l’urgentologue redoute. Le chirurgien s’approche et je sens l’angoisse m’envahir. « Comme tu t'en doutes, on croit bien que tu fais une appendicite. On ne peut pas prendre la chance d’attendre plus longtemps, on doit t’opérer. »

Tout devient flou. J’écoute, mais je n’entends pas. Je fixe ma petite photo d’échographie. Mon bébé me regarde et sa petite main me fait un « tata » . Je la fixe. Au fond de moi, je sais bien qu’il est probable que ce soit la dernière image que j’aie de mon petit bébé. J’ai envie d’hurler. Je ferme les yeux. J’écoute la voix douce du chirurgien qui m’assure que tout ira bien. Je m’accroche à sa promesse comme à ma vie.

Quelques heures plus tard, j’ouvre les yeux dans ma chambre, soulagée que l’intervention se soit bien déroulée. De retour à la maison, je me dis qu’il ne me reste qu’à traverser la convalescence et que ce sera seulement un mauvais souvenir. Je n’avais aucune idée de ce qui me restait à vivre…
 

 Crédit : e.graphik.photographe
 

Deux semaines plus tard,  jour pour jour, me revoilà au centre hospitalier. Arrivée par ambulance, cette fois. Pliée de douleur, convaincue que je vais y passer, même la morphine n’y peut rien. Sans ouvrir les yeux, j’entends une voix connue, rassurante, celle de mon excellent chirurgien. J’ose ouvrir un œil et je capte son regard inquiet. On doit retourner en salle d’opération. D’urgence. Ma vie est en danger et celle de mon bébé également.

Il est minuit. Un dernier bisou à mon amoureux. Sa mâchoire tremble, mais son regard reste fort. Agrippée à ma petite photo d’échographie, je pars en salle d’opération. J’ai la peur au ventre et pas seulement au sens littéraire. J’ai mal aux tripes. Pas pour moi, pour lui, mon bébé d’amour.
 
Je m’éveille quatre heures plus tard, dans le noir, souffrante comme jamais et avec appréhension je touche mon ventre. La panique m’envahit. Ce n’est pas les deux petites cicatrices prévues que je découvre. C’est une longue, très longue, trop longue cicatrice qui me traverse de haut en bas. Elle est recouverte de broches et accompagnée de drains. Je suis hystérique. Mon bébé!!! Où est mon bébé? Pourquoi on me l’a enlevé? Mon petit amour que t’es-t-il arrivé?

Je vois mon conjoint entrer dans la chambre et en un regard, je comprends.

Notre petit amour est toujours là. En vie.

Cette cicatrice que je sens, que j’ai dû apprendre à accepter, c’est elle qui m’a sauvé la vie, mais surtout, surtout, qui m’a permis de donner la vie.
 
Je sais qu’un jour mon fils me demandera pourquoi j’ai cette longue ligne sur mon ventre. Ce jour-là, je lui raconterai notre histoire. Je lui dirai comment  sa force et sa volonté de voir le jour ont fait de nous un tandem que rien ne pouvait séparer. Cette cicatrice fait de moi la plus fière des mamans rapiécées. 

Crédit : e.graphik.photographe

Avez-vous eu peur pour votre vie ou celle de votre bébé durant votre grossesse?