J'ai toujours voulu écrire. Même avant de savoir le faire, je crois que j'y rêvais. Déjà petite, je savais que je voulais être écrivaine. Je noircissais des journaux intimes avec mes pensées, des cahiers avec mes histoires inventées. Mon avenir était tracé dans ma tête : j'allais étudier en lettres au CÉGEP puis en littérature à l'université, et finalement vivre de mes écrits. Je souhaitais tant que l'écriture soit mon mode de vie. J'avais 15 ans, tout était possible. Puis la réalité m'a rattrapée, et la peur qui vient avec aussi.

Je n'ai pas suivi mes rêves, mais plutôt la voix de ma raison qui me disait que j'allais en baver, et que je risquais de manquer d'argent trop souvent... J'ai fait mes études dans un tout autre domaine, qui m'a menée bien loin des mots et de l'imagination, c'est-à-dire vers la fonction publique et sa sécurité d'emploi.

J'ai tranquillement délaissé l'écriture, beaucoup par manque de temps, mais aussi parce que j'ai cessé de laisser parler mes émotions. Je me suis bloquée d'elles (inconsciemment, of course) parce que je considérais qu'elles me faisaient trop souffrir. J'ai vécu ainsi, déconnectée, pendant 10 ans.
Faire taire ma sensibilité, mon côté émotif a également fait taire la voix de l'écriture dans ma tête.


Crédit : Andréanne M. Lapointe
 

Suite à la naissance de ma première fille, j'ai entrepris une thérapie, pour diverses raisons, et j'ai alors pris conscience que je me refusais toutes émotions dites négatives (colère, frustration, tristesse, peine etc.) et avec l'aide de ma psychologue, j'ai très tranquillement recommencé à me donner le droit de ressentir autre chose que les sentiments de façade que je me permettais.

Je cheminais dans ce processus lorsque ma deuxième fille est née dans des circonstances que je qualifierais d'horribles (les récits sont  ICI et ICI).Tout a basculé du côté de l’impossible. La peur et l’angoisse qui m’ont envahie prenaient toute la place. J'avais l'impression de me noyer chaque jour et je devais réussir à me sortir la tête de l'eau pour mes deux filles qui avaient besoin de moi. J’avais tellement envie de crier ma douleur, mais voilà, je ne crie pas.

C'est ainsi que le besoin d'écrire est revenu. Ce désir de mettre des mots sur ce que je vivais, de le coucher sur papier pour mieux le comprendre, pour le sortir de moi un tant soit peu. Et comble de bonheur, TPL Moms m'a offert une tribune pour que ces textes si libérateurs soient lus par d'autres. Des mamans qui ont elles aussi vécu des situations, des moments, des feelings auxquels je peux m'identifier.

Vos commentaires ont eu sur mes pensées l’effet d’un baume. Être maman, c’est dur parfois, mais c’est la plus belle job au monde et avoir la chance de l’écrire et d'être lue est ma thérapie. Cet exercice ne m'apporte que du positif ; j'accepte tranquillement la naissance difficile de ma fille, oui, mais j'ai aussi l'impression d'accéder à un côté de moi que j'avais oublié. Et la cerise sur le sundae, c'est le groupe de mamans fantastiques dont est constituée la communauté des TPL Moms. Ce sont elles qui m'ont donné la bouffé d'air extra dont j'avais besoin pour garder ma tête hors de l'eau assez longtemps et me rendre compte que la vie peut être belle malgré les embûches.

Quelle fut votre thérapie pour passer à travers des moments difficiles?