J’étais dans l’auto quand je me suis mise à pleurer alors que j’écoutais une émission autour de la procréation assistée (Médium Large, Radio Canada, 13 mars). J’ai été touchée par l’histoire de cet homme et ces femmes qui, au-delà d’un projet de loi, vivent dans l’attente et l’espoir de voir un jour deux petits yeux croiser leurs regards.

C'est si puissant le premier regard
Crédit : Emeric69/Flickr

 
Ils sont en couples depuis quelques années et décident d’avoir un enfant, parce que c’est le bon temps, qu’ils s’aiment, que leur horloge biologique fait tic-tac. Et puis rien comme dans « rien pantoute ». L’explosion qui devait se produire n’arrive pas.
 
La machine est en panne.

Le temps passe et les pensées tournent en rond, on souhaite que ça fonctionne, que ça arrive, qu’enfin le test soit positif. Mais, ce ne sera pas pour cette fois-ci. Autour d’eux, des couples heureux annoncent à qui veut bien l’entendre que dans 9 mois, un joli poupon partagera leurs vies. Eux sont là, dans l’attente. Elle, le ventre vide, le cœur en mille morceaux, et lui, inquiet, déçu. Ils sont ensemble et se demandent comment ils feront pour passer au travers de tout ça, parce que cette aventure-là est bien plus grande que toutes les autres. Parce que cette aventure est censée être réjouissante, emballante, touchante et particulière.
 
Pas pour eux.

Crédit : Camilla Bandeira/Flickr
 
En écoutant ces gens parler, j’ai réalisé la chance que j’avais eue de pouvoir porter la vie. Ça n’a pas été le cas de mon amie et de son chum.

Ils sont en couple depuis quelques années. Ils ont laissé l’appartement du centre-ville pour s’acheter une maison toute mignonne dans un quartier relax où se côtoient de jeunes familles. Et au diable la contraception, ils se lancent dans LE gros projet de leur vie. Après plus d’un an d’essais infructueux, elle décide de consulter son médecin qui ne détecte rien.  Elle voit ensuite un gynécologue et d’examen en examen, elle se retrouve en clinique de fertilité. Je dis « elle », mais je devrais dire
« ils ».

Parce qu’en arrière de la femme qui consulte, qui s’inquiète et qui imagine le pire, comme le meilleur, il y a ce futur papa qui n’attend qu’une chose : que sa blonde lui apprenne LA nouvelle de l’année.


La lumière au bout du tunnel
Crédit photo: Emma Moi/Flickr

 
Entre la consultation chez le médecin et la première insémination artificielle, il s’écoule 12 autres mois. Vous rendez-vous compte? Plus d’un an à essayer et un an à attendre! Moi qui, avec une certaine insouciance, avais réussi à tomber enceinte du premier coup et qui attendais quand même après le test en stressant! Je n’imagine pas comment ces mois ont dû être longs et pénibles.

C’était il y a plus de trois ans, Tanya en était à sa quatrième insémination, avait dû avoir des prises de sang quotidiennes, des rendez-vous à n’en plus finir, passer ses nuits à rêver à l’enfant miracle et des journées à espérer devenir maman. Tout était calculé, mesuré, programmé et ça ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait pu imaginer de l’expérience de la maternité.

Ils avaient pris une décision avant cette nouvelle tentative : c’était la dernière.

Parce que, PLUS CAPABLES.

Par chance, le miracle est arrivé. Après plus de 10 000$ dépensés en frais de dossiers, médicaments et autres suivis. Ça, c’est sans compter les journées de travail manquées, le stress, les pleurs, les inquiétudes et les remises en questions. Ainsi que les 7 mois et demi de précautions à n’en plus finir (ben oui, elle a accouché prématurément en plus). Parce que t’sais, des fois que le malheur s’acharnerait encore! Mais bébé est arrivé, en bonne santé, et a comblé ce besoin si fort, si présent de devenir parent.
 


Power à Tanya!
Crédit photo: Vincent Garcia/Flickr
 
Tout ça, c’était avant la mise en place du programme de procréation assistée (Août 2010). Depuis cette date, 5000 bébés sont nés. Un paquet de papas et de mamans ont pu connaitre la joie de croiser ce regard si puissant. Une petite tape dans le dos : une aide financière leur permettant d'aller au bout du rêve. Avec le projet de loi 20, tout ça est compromis. De remboursement, on passerait à un crédit d'impôts et des conditions strictes que ne pourront remplir bien des couples dans l'attente du miracle.

Tanya et moi sommes d'accord : il faut resserrer les balises de ce programme et se questionner sur les critères d'éligibilité. Mais nous unissons nos voix pour dire qu'il faut absolument permettre aux couples de garder l'espoir de pouvoir, à leur tour, fonder une famille.

Avez-vous bénéficié du programme ou êtes-vous dans l'attente de pouvoir le faire?