Parce que la vie implique la mort et que parfois, elle arrive quand on ne l'attendait pas. Trop tôt. Le rêve de devenir parents se concrétise jusqu'au jour où dans l'enfer d'une chambre d'hôpital, on perd ce qui nous était le plus précieux sur Terre. Le sol s'effondre sous nos pas, comme si plus rien de pire ne pouvait nous arriver.

Je suis enceinte jusqu'aux oreilles, j'ai dépassé mon terme, il fait chaud, j'suis tannée, j'ai hâte qu'il sorte et le téléphone sonne.

Je suis au sous-sol, en bobettes pis j'pleure. Incrédule, je pleure. Je raccroche, monte chercher mon chum pis nous pleurons ensemble.

Nous pleurons parce qu'une de mes amies vient de perdre son p'tit. Je sais à peine encore ce que c'est d'être maman. Mais pour le moment, je vis encore dans cette espèce d'insouciance.

T'sais celle avec laquelle tu grandis, celle de l'enfance. Elle te permet de faire bien des choses et de croire que la vie est belle, facile et extraordinaire, que tout est possible.

Un jour, tu te réveilles et le soir, t'es plus la même.

Comment accepter qu'un enfant puisse perdre la vie? Pourquoi?
 

Je pleure parce que je m'apprête à devenir maman et que tout à coup, je perds un peu confiance en la vie. C'est comme si je me sentais incapable de devenir maman, peur de pas être prête à toutes les éventualités de la vie.


Ma belle amie, si généreuse, enjouée, pétillante…pas elle! PAS ELLE!

Ça a l’air qu’il n’y a pas de règles dans tout ça, c’est pas une question de bonnes actions, c’est une question de pas de chance!

Et moi dans tout ça? Je m’apprête à accoucher, à connaître les joies d’être maman, à profiter de cette boule d'amour qui va me suspendre le coeur et les tripes dans un ciel rose pour l'éternité.
 


Crédit photo: Yhellowkowbouvsky!/Flickr

Puis, mon Émile est arrivé et tout a changé, j'ai repris confiance aveuglément en la vie et elle a de par elle-même gagné sur la mort.

Mais pas pour elle.

Elle n'a pas arrêté d'y penser et y pense encore. Presque deux ans sont passés depuis ce 16 juillet où Nathan s'est envolé pour rejoindre l'univers cosmique. Son bébé étoile qu'elle l'appelle. Parce que depuis, la vie a repris ses droits, une petite fille est entrée dans leur vie et elle l'a rend bien plus belle. Elle n'est pas parfaite, parce qu'il manquera toujours ce beau minois à l'air coquin dans leur quotidien.

En souvenir de Nathan
Crédit : Jessica Hébert

 
Mais puisque la vie avance et qu'il faut un jour y faire face, ils ont su s'entourer, parler et se faire consoler. Par ceux qu'ils aiment, leurs amis, leurs familles, un psychologue, mais surtout entre eux. Parce qu'il existe autre chose après. Elle ne se souvient plus de l'intensité de la douleur qu'elle éprouvait à ce moment-là, mais elle en est certaine : elle n'a jamais eu aussi mal.

Plusieurs vivent aussi la perte d'un foetus, un bébé déjà bien présent dans la tête et le coeur de toute la famille. Qu'est-ce que tu fais quand, en rentrant chez toi, tu réalises qu'en plus d'avoir le ventre vide, tu ne reverras jamais plus ta progéniture?

Crédit : Aude Pelote
 
En parlant avec mes amies, je me rends compte à quel point c'est vécu « en dedans ». Comment ça peut faire mal au couple, tout comme ça peut resserrer les liens telle une muraille contre l'adversité. Je réalise que d'en parler leur fait du bien. C'est important de pouvoir trouver un endroit pour se confier, pour écrire, pour déverser sa peine, sa culpabilité, son trop-plein d'amour qui reste en suspend. Ce qui ressort de ces confidences (merci pour votre générosité les filles), c'est que le temps aide. Il permet d'adoucir la douleur. Tout en n'oubliant jamais, il aide à faire que la plaie béante se cicatrise peu à peu. Laissant derrière elle ces marques indélébiles, comme un souvenir du passage trop court d'un grand amour.

Au-delà des proches ou du psychologue, il existe plusieurs groupes de soutien qui peuvent aider à avancer sur ce chemin sinueux :
Même si je n'ai pas vécu cette perte, ce soir, je regarderai le ciel étoilé en pensant à chacune de ces petites étoiles parties trop tôt.

Avez-vous vécu de près ou de loin la perte d'un enfant?