Il y a dans la vie des moments pour lesquels on ne s'était pas préparé. C'est un de ceux-là que je viens de vivre et qui fait que tout bascule, tout prend un nouveau sens, une nouvelle direction.

Pendant les derniers jours, j'ai découvert la grande humanité qui habite le personnel de l'unité des soins intensifs de l'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal. On nous a accompagnés, écoutés, rassurés, on nous a protégés. Parce que la vie filait entre les mains de l'oncle de mon chum. Parce qu'elle tirait sa révérence trop rapidement. Parce qu'on ne se prépare pas à perdre une personne qui est à la moitié de sa vie.

Jamais.

Les jours ont été intenses et pendant ces heures interminables et trop courtes à la fois, on a perdu le fil du temps, de la vie, tous ensemble. Ensemble à espérer, à douter puis finalement, se résigner.

Pendant les quatre derniers jours, notre quotidien a été empreint de cette odeur typique des hôpitaux, de blouses blanches, de soins posés avec douceur et respect de l'autre, de bips, de tracés des moniteurs qui montent et descendent, de craintes, de questions et de tristesse.

Dans ce coma opaque, on souhaitait tous que ses signes vitaux s'améliorent, que ses yeux s'ouvrent de nouveau, que ses cordes vocales se réveillent de leur endormissement, que ses mains touchent encore.

Rien de tout ça n'est arrivé.

Dans ce monde irréel, nous l'avons accompagné dans sa décision de faire un don d'organes. C'était clair dans son testament, il souhaitait aider/sauver la vie d'autrui. Alors dans cet élan de générosité qui le représente tellement, nous l'avons écouté et accompagné vers ce don.

Il aura, entre autres, pu aider deux personnes à améliorer leur quotidien en faisant don de ses reins.

Au-delà de la souffrance qu'on a de le laisser aller si tôt, nous sommes apaisés de savoir qu'en partant, il aidera deux êtres à vivre une meilleure vie.

Si pour lui c'était clair et écrit noir sur blanc, ce n'est pas le cas de tous. L'équipe du Sacré-Coeur nous l'a confié. C'est souvent confus, la famille n'est pas toujours au courant des souhaits de la personne et doit finalement se pencher sur une question délicate à un moment déjà fort en émotions.

Pendant que vous êtes là, bien vivants, à côtoyer les gens que vous aimez et que vous pouvez prendre des décisions, je vous invite à :

  • Dire à ceux qui partagent votre vie que vous les aimez.
  • Vivre chaque instant comme si c'était le dernier.
  • Signer votre carte de don d'organes si le coeur vous en dit.
  • Confier à vos proches vos souhaits face au don d'organes, même si ça parait étrange de parler de ça et que ça parait loin, c'est parfois plus proche qu'on se l'imagine.

N'oubliez pas de diffuser votre tendresse, propager votre amour et votre générosité, sans jugement, sans malice, à tous ceux qui ont une place dans votre coeur.

Bon repos Pierrot!

Avez-vous signé votre carte?