L'été dernier, au parc, j'ai vu un truc que je n'oublierai jamais : un petit garçon d'environ 18 mois tomber d'un peu plus d'un mètre de haut. Et, je revois encore sa petite tête venir se taper sur les tubes du module. 

Ce que je vois surtout, c'est son papa assis sur le banc, iPad en main, complètement inconscient de ce qui est en train d'arriver.

La scène aurait pu être évitée. Très facilement même. Le petit garçon aurait même pu être escorté jusqu'à la petite échelle et avec l'aide de son parent, il aurait pu y poser son pied au lieu d'y heurter sa tête. Ou il aurait pu être encouragé à jouer dans un module plus adapté à sa taille. 

Photo : Kirsten Lewis

La scène en question, je la vois, presque tous les jours, avec différents niveaux de conséquence, mais avec une constante : la technologie. Souvent un téléphone dit « intelligent », parfois des tablettes. 

Un parent qui pousse une poussette en plein trafic, téléphone en main, s'engage à traverser la rue sans même prendre le temps de lever un oeil. 

Une éducatrice de service de garde qui sort de l'aire de jeu pour passer un appel pendant que son groupe continue à jouer loin de son regard. 

Un autre parent qui préfère planifier sa soirée avec ses amis que de profiter de sa journée avec ses enfants. 

À passer mes journées dans les parcs, je pourrais vous écrire un livre avec des histoires d'horreur.

Ce qui me dérange le plus dans tout ça, c'est que ces histoires, ces accidents, peuvent être, à tout coup, évités. Tout ce que ça prend, c'est un peu d'attention et moins de iQuelquechose

Je ne sais pas quand ni comment on a décidé collectivement que c'était acceptable d'ignorer nos enfants parce qu'on a eu une longue journée. J'ai aucune idée comment on fait pour choisir une application au lieu de la sécurité de nos enfants. Je comprends qu'à 8 ans, ils n'ont pas besoin de supervision intensive... mais quand je revois ce petit bout d'à peine 2 ans de vie tomber, je me dis qu'on devrait se concentrer sur ce qui se passe en temps réel.

Participer à la vraie vie, celle qu'on a créée. Celle qu'on aime. Celle dont on ne verra pas sortir sa version 2.0 le mois prochain, celle qui ne s'échange pas. 

Traitez-moi de matante, mais mon téléphone, il est dans mon sac en cas d'urgence. Si j'ai besoin de faire un appel important ou d'envoyer un texto, je demande à un autre parent que je connais de surveiller les filles le temps de le faire. Si je ne connais personne, j'attends. Parce que tout peut attendre.

Car si je suis venue au parc, c'est pour que mes enfants jouent. C'est pour que je joue avec eux, pour interagir et les voir accomplir des prouesses. C'est pour les encourager et même participer.

Ce n'est pas pour que je relaxe. 

Je vous l'assure, aussi plate que ça puisse vous sembler, le parc, jouer avec votre enfant, bat n'importe quel message envoyé, n'importe quelle application téléchargée, n'importe quel billet lu. Être présent et proactif, c'est plus important que tous les likes de ce monde ... Je comprends (très bien) le besoin de s'évader, d'oublier, mais je pense qu'il y a un moment et un endroit pour tout. 

Et pour moi cet endroit là, ce n'est pas le parc.