Une fois, après le premier anniversaire de Dolores, je me suis fait dire que j’étais chanceuse d’avoir perdu mon poids de grossesse. La personne m’a demandé mon truc et j’ai dit : « Tu as juste à faire une dépression. » J’aurais cru que ça allait mettre fin à la discussion entourant mon poids parce que ce n’est pas un de mes sujets préférés. Mais non. La personne m’a répondu qu’elle aurait mieux aimé être en dépression que d’avoir encore ses 35/40 livres de trop. J’étais en tabarnak. J’ai explosé. J’ai dit que j’aimerais vraiment mieux être plus grosse que de struggle avec le fait de vivre avec ma maladie. J’ai dit que je prendrais n’importe quand ses kilos en trop plutôt que de danser avec l’idée de mourir à chaque fois que je devais faire réviser ma médication.

Internet est bourré de trucs de marde pour perdre du poids. Pas juste post-partum. J’ai toujours détesté l’ostie de discours shamant sur le poids. How come qu’il existe encore un modèle unique de beauté PIS MÊME APRÈS AVOIR ENFANTÉ. Un enfant est sorti de mon vagin, est-ce qu’on pourrait me donner un break sur la supposée silhouette que je devrais avoir pour être heureuse. Je me souviens encore les premières journées post accouchement où juste le fait de pouvoir prendre ma douche était une petite victoire dans ma journée. Si j’avais eu à me soucier de mes kilos en « trop », je ne pense pas que je serais ici aujourd’hui pour écrire. Ça aurait été trop. Déjà que j’avais à essayer de garder en vie un être qui était complètement dépendant de moi. Pis, je ne veux surtout pas mettre en dualité les deux discours, il y en a du monde qui réussit à mettre l’exercice et les saines habitudes de vie dans leur planning de la journée. Grand bien leur fasse. Mon problème, c’est de dire que c’est ça le moyen d’être heureux.

Un corps de rêve = le seul moyen d’être heureuse.

Ce n’est pas ça la vraie vie. Je vais vous le dire franchement, votre enfant, il s’en fout de votre ventre mou, il s’en fout de vos seins qui pendent, du gras sur vos cuisses et, allons-y pour la totale, de votre double menton. Votre enfant, il veut de l’amour, de l’attention, des soins et de la santé pour sa famille. C’est tout.

C’est en ayant ce discours tordu sur l’apparence dès la naissance que le chemin va se faire dans la tête de vos enfants et en faire des gens malades.

Le corps passe par des étapes suite à la grossesse. Chacune des étapes prend le temps que ça prend. C'est tout. Il se peut aussi que vous n'arriviez jamais à votre poids d'avant. Le fait de bien manger et de faire de l'exercice, d'avoir une bonne génétique peut ne RIEN donner comme conséquence concrète sur la balance.
 
À la place de vouloir perdre votre poids à tout prix, gâtez-vous et allez vous refaire une petite garde-robe. À la taille que vous avez maintenant, adaptée à votre silhouette. Ça ne sert à rien de s'en faire pour vouloir re-rentrer dans vos jeans d'avant. Votre corps a changé.
 
Si on montrait plus les corps post grossesse sans artifices, on comprendrait pas mal plus que c'est normal d'avoir du mou, des marques et surtout, de ne plus avoir le corps d'avant. Parce que, bonne nouvelle, après avoir eu un enfant, votre vie sera plus jamais la même, c'est normal que votre corps ne soit plus le même aussi.

N'oubliez jamais qu'il existe un 4e trimestre, qu'il y a des risques (descentes d'organes enough said!) à vouloir atteindre trop tôt les exceptions qui vous font avoir des attentes irréalistes sur la perte de poids post-partum. Votre corps a pris 40 semaines pour se rendre là, vous devriez lui accorder le temps qu'il faut pour qu'il reprenne sa nouvelle forme. 

Essayez toujours d'être mieux dans votre tête avant de vouloir être mieux dans un corps parfois plus difficile à obtenir.