Je peux diviser ma vie en deux périodes. Celle avant d’avoir des enfants, celle après. Si j’étais pleine de jugements avant, disons qu’ils ont pas mal diminué avec le temps. J’ai toujours pensé bien connaître les réalités des autres du haut de mes privilèges. Un jour, j’ai pris une débarque et j’ai descendu une couple de marches. J’ai compris que je ne savais pas grand-chose avant d’avoir vécu des difficultés. Disons que ça m’a donné une bonne tasse d’empathie.
 
J’ai donc pris l’habitude de traîner mon empathie avec moi. C’est comme pour mes clés, je ne quitte jamais vraiment la maison sans elles. Ça fait partie de mon trousseau. Littéralement.
 
C’est moi la maman fatiguée qui est sur son cellulaire au parc. C’est moi qui regarde mon iPhone dans l’auto quand je vais chercher mon enfant à la garderie. C’est moi qui marche en poussette et qui regarde mon cellulaire. Je regarde même mon cellulaire quand mon enfant est dans le bain.
 
Je ne suis pas une conne. Je suis capable de savoir comment utiliser un cellulaire. Je suis capable aussi d’évaluer le danger qui m’entoure. Je suis capable de faire deux choses en même temps. Je suis capable d’arrêter au coin de la rue avant de traverser avec ma poussette. De tenir la main de mon enfant quand je me promène avec lui, de regarder mon cellulaire seulement quand la voiture est stationnée. Je suis capable de bavarder avec mes amies pour ne pas me sentir seule au parc parce qu’il est clôturé, que je me tiens dans un endroit qui me permet de surveiller mon enfant.
 
Je suis surtout capable de mettre des limites à mon enfant et d’aller sur « ma machine du diable » de façon responsable. Ce qui se passe sur mon cellulaire, c’est la vie réelle. Les amitiés que j'y ai sont réelles. Elle m’apporte du soutien dans ma fatigue, dans mon rôle de mère. Mon cellulaire me permet de décrocher. DE. FAÇON. RESPONSABLE. Et je trouve que c’est un moyen comme un autre, une béquille comme il en existe beaucoup, et personne ne peut me faire me sentir mal de l’utiliser quand je veux. Tant que mon enfant est en sécurité, je vais continuer de le faire.
 
Et je ne me donne pas d’excuse. Il y a des gens qui aiment le parachute, moi j’aime les réseaux sociaux. Il y a des gens qui vont lire pour décrocher, moi je regarde les blogues. Il y a des gens qui vont fumer du pot pour dormir, moi je vais sur Pinterest. Il y a surtout des gens qui ne connaissent absolument rien de ma réalité qui devraient garder leur jugement pour eux-mêmes.

De façon sécuritaire, j’entends!