Nous étions jeunes, heureux, en amour par-dessus la tête quand nous avons fait l’achat de notre première maison. Notre petit cocon auquel est venu s’ajouter un mini-nous à peine un an plus tard. Une fois parents, on le sait, le temps file. Les mois pis les années se sont écoulés, un autre bébé est arrivé dans nos vies, avec tous les challenges que ça implique. Pour le couple, pour la dynamique familiale et aussi pour le portefeuille.
 
J’ai grandi dans une famille où l’argent était le principal sujet de discorde. Non, à vrai dire, c’était le seul. Trop souvent j’ai vu mes parents se chicaner à cause de ce maudit argent, à cause de dépenses inutiles, superflues. J’ai vu l’amertume qui vient avec le stress financier tuer petit à petit leur couple. Quand je nous regarde aujourd’hui, je revois un peu mes parents et ça me fait mal par en dedans. Crissement mal.
 
Comme beaucoup d’hommes, tu t’es indirectement attribué le rôle de pourvoyeur. Entre deux congés de maternité à salaire réduit et les dépenses reliées à la marmaille grandissante,  les dettes se sont tranquillement accumulées, à mon insu. Parce que tu avais ben trop honte pour m’en parler. Tu as pensé, à tort, que tu pourrais clearer tes dettes tout seul, comme un grand. Mais il était déjà trop tard et tu t'enfonçais dans un pattern dangereux...

Moi, au fil des mois, ne connaissant pas le secret avec lequel tu vivais, j’ai attribué la distance qui s’installait tranquillement entre nous à la parentalité et toutes les nouvelles responsabilités qui nous étaient tombées dessus. Jusqu’à ce que le chat sorte du sac. Ça m'a un peu scié les jambes. Comment allions-nous arriver à nous sortir la tête de l'eau? Mais au-delà du montant à rembourser, j'étais en maudit. En maudit de n'avoir rien vu venir, triste de ne pas avoir su détecté ton stress et ta détresse. Il aura fallu que ton corps décide de parler à ta place pour que je sois mise au parfum.
 
Les derniers mois ont été difficiles. Il y a eu du déni, de la honte, un moment d’honnêteté, de la frustration et de la confiance émiettée.

On dit souvent que l’argent ne fait pas le bonheur, et c’est bien vrai. Par contre, le manque d’argent, les dettes et la précarité peuvent facilement miner notre bonne humeur (voir même notre santé). Le stress financier peut être excessivement lourd à porter. Quand tu as partagé avec moi l’ampleur de tes dettes, un poids immense a dû s’enlever de sur tes épaules épuisées. Mais ce poids-là, je le partage maintenant avec toi. 

Pis c’est vraiment pas facile à gérer. Mais je t'aime pis j'me dis qu'on va passer au travers. Y faut qu'on passe au travers.

Si vous ou l'un de vos proches vivez des problèmes d'endettement, n'attendez pas que la montagne vous semble insurmontable pour demander de l'aide. Il y a des ressources disponibles pour vous aidez à y voir plus clair et à vous sortir la tête de l'eau.