Récit d’accouchement, première partie.
 

Malgré l’huile d’onagre, les tisanes de framboisier, les rapports sexu's, la stimulation des mamelons, la marche, le lavage des planchers... 39 semaines et des poussières, toujours rien. 0 dilaté, 0 effacé. Même pas un p’tit peu. RIEN.

Ma sage-femme me dit, avec un regard un peu beaucoup démuni :
- On devra passer au déclenchement. À l’induction. Le risque de te laisser dépasser ta dpa est trop grand vu ton surplus de liquide amniotique. 
- Ok, et tu seras avec moi?
- Non. L’induction est un travail médical, ça relève du milieu hospitalier et les suivis qui s’y rattachent aussi.

Ouch. Claque dans face. Coup de massue sur la tête. Je devrai me résigner au milieu hospitalier. Pour la sécurité de mon bébé.
 

Crédit : giphy.com
 

J’avais toujours cette envie d’accoucher naturellement. Je ne voulais en aucun cas être pluggée. Et encore moins avoir l’épidurale. Pour ça, il n’y avait pas de négos possibles, non à cette immense seringue. Mes exigences étaient primordiales.
 
Petite parenthèse :

Je n’avais pas fait de plan de naissance. Fail de ma part, comme j’étais si certaine d’accoucher à la maison de naissance qu’il ne m’apparaissait pas important d’en rédiger un. Conseil à toutes les femmes enceintes : rédigez un plan de naissance. Nous avons 9 mois pour nous préparer. Ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas. Le jour venu, on est beaucoup trop ailleurs pour prendre des décisions su'l' fly.

Fin de la parenthèse.
 
Long story short, j’suis rentrée à l’hôpital le 18 mars 2014 pour mon induction et j’ai accouché le 21 mars. 3 jours pour accoucher. 6 jours à manger la bouffe d’hôpital #Ark.

66 heures de travail combinées de : cervidil (x2), moniteurs, ballonnet, ocytocine, contractions, épidurale.
Pour se terminer en césarienne. #FML
 
 Ce qui m’a déçu/deuil à faire :

  • Je n’ai pratiquement jamais eu mon mot à dire puisque les médecins étaient TOUS anglophones (avec un français très limité) et j’avais de la misère à me concentrer et à extérioriser mes besoins dans ma langue seconde. On ne se comprenait pas. On ne ME comprenait pas. Y’avait AUCUNE chimie ici. Je n’aurais jamais pensé ne pas pouvoir être « servie » en français les journées la journée de mon accouchement. Mon chum jouait le rôle du traducteur, mais pas de l’interprète, puisque le médecin était déjà parti au moment où je répondais en français. J’étais seule avec mes interrogations et ça, ça m’a fait vraiment chier peur. 
  • Je ne voulais pas d’épidurale et l’anglo-médecin a expliqué à mon chum (donc discussion avec mon chum sans jamais s’adresser à moi) que pour crever mes eaux, c’était plus prudent d’avoir l’épidurale. Je n’ai pas eu mon mot à dire. J’étais juste là, en obligation d’accepter la situation. J’étais juste là, à faire confiance au système. 
     
  • J’ai été monitorée de la première minute jusqu’à la sortie de mon p’tit dude. 66 heures sur les moniteurs. Et pendant tout ce temps, le cœur de EA n’a jamais décéléré. Il n’était juste pas prêt à quitter sa piscine. J’aurais tant aimé lui laisser le choix de sortir au moment qui lui convenait. J’aurais aimé que ce soit lui qui décide et non le système. J’aurais aimé qu’on le traite avec respect, sans le forcer. 

Le deuil.

Pendant ces 3 jours, mon paradis composé d’arc-en-ciel et de licornes a pris le bord. Difficile d'accoucher dans le bain avec un ballonnet. Difficile de respirer l’odeur du printemps quand les fenêtres ne s’ouvrent pas. Difficile d’apprécier la musique douce détrônée par le bruit des moniteurs en guise de trame sonore. Difficile de ressentir le massage de mon homme avec des fils partout sur le corps. Et surtout, ma plus grosse déception, difficile de travailler avec bébé sous épidurale.

Au final, un beau contraste opposé à mes attentes. 

 

La gratitude.
 

La première seconde où j’ai eu EA dans mon cou, j’ai soudainement tout oublié les dernières 66 heures. Il était si beau, il ressemblait à son papa! Attention, il ne faut pas le briser! Omg ma progéniture, je l’aime! Et on me l'enlève...

Au retour de la salle de réveil, EA a pris mon sein comme s'il n'y avait pas de lendemain! J’ai pleuré et j’ai pardonné. J’ai pardonné mon échec. J’ai érigé mes déceptions en sourires, en bonheur et  en gratitude. De toute façon, on lui fabriquera bientôt un p’tit frère ou une p’tite sœur à ce p’tit nouveau burrito! On tentera l’AVAC à ce moment.
 
Avez-vous eu un accouchement difficile? Est-ce que vos attentes étaient trop élevées en ce qui concerne votre vision de l’accouchement?