Je le sais. Je me répète. En essai bébé depuis maintenant 19 mois, je dors, mange, travaille en visualisant à quoi ressemblera ma future vie de maman. Ce qui était un embryon de projet il y a un an et demi prend maintenant des allures de vie parallèle qui gobe beaucoup de mon temps.
 
Je magasine en ligne les produits pour bébé, sous prétexte de fournir des suggestions à mes très nombreuses amies enceintes. Je choisis des couleurs pour une future chambre (#TeamMenthe) et je jette mon dévolu sur un paquet d’accessoires qui ne me plairont plus le jour venu. Je planifie la courtepointe et les ensembles cute que je fabriquerai avec amour. Je calcule des DPA fictives et le congé de maternité qui suivra; je les ajuste évidemment à chaque mois. Je dresse des listes interminables de prénoms que je soumets en quiz surprise à mon chum, sans jamais être capable d’en éliminer anyway. J’imagine la réaction de nos grandes demoiselles et de la famille proche lorsqu’on leur annoncera que notre maison accueillera (enfin!) un troisième enfant.

Jour et nuit. Nuit et jour. Ça m’alimente, me hante. Je n’y peux rien.



J'ai créé une grosse bulle de rêve dont je ne sais plus comment sortir.
Crédit : Pixabay

  
M’accrocher à ces rêveries est ma seule façon de ne pas plonger tête première dans la déprime qui vient avec mes essais infructueux. Plus ça avance, moins j’ai d’énergie pour dealer avec le reste.
 
La conséquence de mes lubies, c’est que ma vie tout court en mange un coup. Pas le goût de faire le ménage du bureau : c’est comme admettre qu’il ne deviendra jamais la chambre du bébé tant attendu. Je dose mes sorties entre amies : ma capacité à discuter de maternité avec mes amies enceintes, que j'adore, est inversement proportionnelle à la longueur de mon attente. Je retarde mes démarches pour entreprendre un doctorat, d’un coup que la grossesse se pointe… Je laisse mes vacances en suspens pour ne pas interférer avec les recommandations à venir de la clinique PMA.
 
Je suis comme dans une grosse bulle, une parenthèse qui s’élargit de plus en plus. J’ai l’impression d’être prise les pieds dans le roc pendant que la vie roule si vite pour les gens autour de moi. Mais le moment présent? Connais pas.
 
Vous savez quoi? Ça fera. À compter d’aujourd’hui, je suis là, ici, maintenant. Pas dans l’avenir hypothétique d’un bébé qui arrivera on ne sait trop quand. Je ferai mes démarches pour l’avoir, mon Ph.D. Je vais m’attaquer au bureau parce qu’il y a quand même des limites à ne pas pouvoir y circuler. Je profiterai des soirées entre amies parce que c’est précieux, avoir des gens aussi extraordinaires à côtoyer. Et des vacances, j’en ai besoin. Les démarches médicales attendront un autre mois s’il le faut. 
 
Advienne que pourra.
 

Comment avez-vous vécu vos essais bébé qui s'étirent?
Avez-vous réussi à lâcher prise et à profiter du reste?