Comme à peu près toutes les femmes, je m'étais imaginé mille scénarios à propos du déroulement de ma grossesse. Je croyais me connaître assez pour savoir comment je me sentirais; pour savoir quelles émotions je ressentirais. Je dirais que la moitié des choses se déroulent comme je me les étais imaginées. Cela signifie donc qu'il y a un autre 50% qui lui, ne se déroule pas du tout comme je l'aurais cru. 

Je croyais que serait enfin venu le moment où j'apprendrais à déléguer; le moment où l'idée qu'une autre personne effectue une tâche quelconque à ma place m'allégerait assez pour que ça ne me dérange pas d'attendre. Je croyais que j'aurais enfin envie de demander à mon chum de dévisser les pôles à rideaux. De déplacer une armoire. De poser une tablette. Mais non. Je veux encore tout faire moi-même. Pas par orgueil, simplement car je m'en sens encore capable et que je n'ai pas envie que ça se fasse plus tard (en revenant du travail de l'autre) alors que ça pourrait se faire maintenant. 

Ayant la photographie dans l'âme, je croyais que je prendrais des photos de mon ventre chaque semaine. J'aimais même l'idée folle de prendre une photo chaque jour pour faire un montage vidéo par la suite. Tsé le genre de vidéo super touchante qu'on voie circuler sur le net de temps à autre? Bien ce ne sera pas une des miennes.

Depuis le début de ma grossesse (je complète ma 18ème semaine en date d'aujourd'hui), j'ai dû prendre quatre photos et j'ai oublié de noter la semaine à laquelle elles ont été prises. Lorsque je vois des femmes poser devant des ardoises où il est inscrit « 23 semaines » à la Pinterest style, je trouve ça cute. Mais pas cute pour moi. Honnêtement, je me sens presque mal.

Je ne croyais jamais que je me pèserais autant. Je ne me suis pour ainsi dire jamais pesée de ma vie. Je m'étais toujours dit que si j'aimais ce que me renvoyait le miroir, les chiffres étaient inutiles.

Jusqu'à 17 semaines, je me suis pesée (très) souvent. Pas pour m'assurer de ne pas prendre de poids; pour m'assurer d'en prendre! Ç'a été assez long avant que je commence à prendre ne serait-ce qu'une livre et ça m'inquiétait beaucoup. Je me demandais s'il y avait un bébé pour vrai ou non. Je ne croyais jamais que les fois où je me pèserais seraient pour confirmer un gain de poids (lol) et surtout, que ce serait pour mon plus grand bonheur. 

Je croyais que ma vie sexuelle en prendrait un coup (mauvais jeu de mots). J'avais peur que le foetus ait mal, peur de lui faire mal; j'avais peur que mon chum lui fasse mal. J'avais peur que ça devienne « plate » (selon ma définition, qui n'est aucunement objective). J'avais peur de ne plus avoir envie. Jamais. J'avais aussi peur que mon chum n'ait plus envie. Que lui aussi ait peur; que lui aussi ne sache plus trop comment faire l'amour avec sa blonde, qui était maintenant enceinte.

J'aurais trouvé ça pénible. Aussi bien être honnête, j'aurais trouvé ça difficile. Je ne sais pas comment j'aurais réagi. Cette dimension avait toujours pris beaucoup d'espace au sein de mon couple. Cependant, rien n'a changé à ce niveau. 

Je ne m'attendais pas à avoir des craving de... céleris (!) et à avoir envie d'une bonne boîte de Kraft Dinner (je n'ai pas encore succombé!).

J'imaginais l'instant où on entend son coeur battre pour la première fois comme étant « le » moment. Pourtant, ça ne m'a pratiquement rien fait. J'étais juste super heureuse de savoir qu'il avait un coeur et qu'il battait. Mais je ne ressentais pas cette espèce de magie de conte de fées. Ça m'a fait de la peine. Par contre, à l'échographie. Allô le déluge! J'étais incontrôlable. Je ne savais plus si mon coeur était dans ma tête ou si ma tête était dans mon coeur. Enfin.

Depuis quelques jours, j'ai aussi commencé à « bercer » mon chariot à l'épicerie et à dormir avec un de ses futurs pyjamas. Je le colle sur mon ventre et je m'endors comme ça, comme s'il était là pour vrai. C'est devenu un besoin. Parfois, il m'arrive même de parler au pyj'. Je n'ai pas encore décidé si c'était mignon ou très, très, étrange (...).

C'est très différent de ce que je m'étais imaginé. Pour le mieux! J'imagine que ça signifie que la surprise est telle qu'il est impossible de la prévoir.

Et vous? Votre grossesse s'est-elle déroulée comme vous l'aviez imaginée?