(Première partie)

Attendre ma fille a été un exercice périlleux qui m’a laissée sur la corde raide pendant des mois. Il faut préciser qu’elle a été fabriquée à 3, dans un laboratoire, après des mois de traitements. Ça change la perspective.

Ç'a été une grossesse difficile. Saignements, encore. Après 3 fausses-couches, j’étais aux abois au moindre symptôme. Un automne stressant, un Noël passé allongée, un hiver blanc de peurs et un printemps d’angoisses. Le tout pour une naissance au solstice d’été!

« Quoi? Ce bébé s’est accroché? 'Va bien falloir que j’accouche maintenant », ai-je réalisé quelque part à mi-grossesse!

Après ce déni constat, j’ai eu trop beaucoup de temps pour m’inquiéter et j’avais tout ce qu’il fallait pour : mon premier accouchement avait été une vraie boucherie!
 
Cette fois-ci, j’allais être outillée. Et entourée. Je me suis trouvé une accompagnante à la naissance. Nous avons tout préparé. Avec mon mari, j’ai refait tous mes cours prénataux : c’était encore mieux en privé qu’au CLSC. De plus, nous avons suivi la méthode Bonapace et je suis devenue la cobaye d’hypnothérapie de ma copine en formation. Ultra prête, je te dis!

Mais c’était sans compter sur mon destin tordu! Cette petite fille, elle m’a bien déjouée : elle est restée la tête haute toute la grossesse. On a tout fait pour la faire culbuter : acupuncture, ostéopathie, visualisation, yoga et positions étranges.

Crédit : Brent Zupp/Flickr

La mesure pelvienne indiquait qu’elle avait la tête trop très grosse. La version manuelle s’est soldée en arythmie cardiaque pour le bébé. PANIQUE À BORD! Je n’ai plus voulu jouer.

À 37 semaines, j’ai exigé qu’on me la donne au plus vite puisque la césarienne semblait sa seule porte de sortie. Quand on a attendu sa fille toute sa vie, qu’on l’a fabriquée puis perdue à répétition, on devient complètement irrationnelle. Surtout qu’on la sait prête et vivante en soi! Césarienne planifiée pour la semaine suivante. Mais était-ce un choix éclairé?
 
Ma fille est née, comme prévu, avec l’été. La césarienne s’est bien passée (hahaha! s'cusez). Bon, j’ai dû subir le cours du résident médecin : toutes-les-complications-possibles-d’une-anesthésie. Sans blague.
« Alors, cette fois-là, on a perdu la patiente parce que tel médicament a engendré une complication cardiaque, blabla… »
Les bras attachés en croix, loin du iPod, j’ai vite supplié :
– Chéri, monte le son! Monte le soooonnnn!
Mais sinon, super! Après une chute de pression normale, j’ai pu faire du peau à peau avec mon bébé et pleurer toute ma joie de la tenir enfin dans mes bras, vivante et réelle.

Crédit : le papa de ma fille

Mais saviez-vous que ça pouvait éclater, une plaie de césarienne? Moi non plus! J’ai commencé à bleuir le matin de ma sortie d’hôpital. Le médecin m’avait vue tôt en matinée et avait signé mon congé disant de le rappeler si le bleu sortait des traits de stylo qu'il avait tracés autour de l'enflure. La bonnefemme infirmière, elle, n’a vu qu’un congé signé. On m’a littéralement foutue à la porte malgré les ecchymoses qui s’étendaient.
« Votre congé est signé, ma petite dame! Moi, je ne rappelle pas un médecin pour ça, il vous a vue il y a 2 heures! »
J’avais été « vue », mais elle ne m’entendait pas, la bonnefemme!

Crédit : photos (ultra) personnelles/montage maison.
 

Une fois à la maison, c’était épeurant : j’avais l’air d’avoir enfilé une culotte de schtroumpf! Retour à l’urgence (parce qu’à St-Luc, quand t’es sortie de l’unité des naissances, ben… t’es sortie! Même quand ta chambre n’est même pas défaite!). On m’a renvoyée à la maison.
« Parfois, ça fait des bleus, vous savez…», m’a dit une résidente de service en gynéco.
 

Crédit : Photos (ultra)personnelles/montage maison de culotte de schtroumpf
 

Nous, les femmes, on se fait ouvrir le ventre sans le moindre suivi médical rigoureux, c’est fou! Une fois sorties, nulle part on ne peut avoir accès à un médecin. On n’a aucun numéro d’urgence autre que l’Urgence avec le grand U. Pour une simple vasectomie, les messieurs sont mieux servis! 'Fait que des photos de césarienne anormales, en voilà! Ce n'est pas chic, mais prenez ça comme ma contribution personnelle à la science.

5 jours après la naissance de ma petite fleur, j’ai vu du sang couler à travers cette plaie enflée. On est retournés directement auprès de la bonnefemme de l’unité des naissances pour qu’un obstétricien m’ausculte. Croyez-moi qu’avec un nouveau-né de 6 lb, t’aimes pas ça, aller à l’urgence de St-Luc! J’ai pleuré dans le couloir pendant que mon mari faisait plein de menaces de plaintes. Quand l’obstétricienne est arrivée, elle a dit :
« Euh… vous avez eu une césarienne d’urgence?
– Non, madame… pourquoi? »

Et pendant qu’on parlait, elle a posé un Q-tips sur la plaie pour essuyer. PAH!

Mon abdomen a fait « PAH! », un bruit sourd et mouillé suivi d’un « Shit! Apportez-moi des gazes! Et du staff! ».

Ben oui! Ça se peut, une césarienne qui explose. Ça laisse un amoureux livide. Ça laisse un gros trou au bas du ventre – j’aurais pu y insérer 2 iPhone collés –, ça laisse aussi un grand trou au cœur. C’est perdre de précieux instants de vie à souffrir, à faire changer ses pansements, enlever les caillots et nettoyer la béance. Tous les jours. On ne peut pas recoudre une plaie qui a éclaté d’hémorragie interne : il faut seulement attendre qu'elle cicatrise par en dedans. Plaie mal cautérisée due à… mystère.
 

Crédit : photos (ultra) personnelles/montage « comique » pour ne pas pleurer
 

Mon ventre venait à peine de se refermer que l’été se terminait. Un « accouchement » qui aura pris quelque 9 semaines! Qui dit mieux?
 
Je ne pensais jamais que j’allais accoucher une autre fois, et pourtant, devinez qui c’est qui s’est inscrite à ses 3e cours prénataux l’année suivante? Je vous raconterai ça! Et je vous dirai de lire ce précieux livre avant de « choisir » une césarienne : Une autre césarienne ou un AVAC de Hélène Vadeboncoeur. Parce que ma fille avait beau être un siège avec une grosse tête, de mes 3 enfants, c’est celle qui est née la plus petite, avec le périmètre crânien le moins grand, finalement! C’est ben pour dire, han?
 
'Fait que... vous pensez toujours foxer vos cours prénataux?

Il faudrait d'ailleurs qu'un volet CÉSARIENNE y soit ajouté : en 2014, plus de 20 % des accouchements québécois se terminent encore en césariennes et il n'y a toujours qu'une seule page la concernant dans le guide « Mieux Vivre 2014 ». La page : 194.

Comment s'est déroulée votre césarienne, et sa guérison?