J'ai déjà pitché des vis à mon chum. No joke. Pas des vis en jouets, là, des vraies de vraies pour réparer des trucs pis toute. J'étais tellement habituée à me faire traiter comme de la marde que je la cherchais partout. Je me disais qu'il y avait anguille sous roche, qu'un gars doux comme ça, ça ne se pouvait pas. Fait que, j'en ai soulevé des pierres, mais je n'ai jamais rien trouvé de pas beau en dessous. J'ai juste trouvé encore plus de doux pis un amoureux qui vaut ben plus que de l'or.
 
Donc, j'ai été environ un an avec l'autre, lui d'avant. Un an, c'est ben en masse pour te scrapper l'intérieur. À la fin, en dedans, j'avais à peu près la consistance d'une bouillie que l'on a oublié de réfrigérer et je devais avoir l'air de ça, aussi. Ce n'était pas beau, pis je pensais ne jamais m'en sortir. T'sais, le mélodrame des ruptures amoureuses? Je n'allais vraiment pas bien et j'ai pris, pour la première fois de ma vie, un congé de maladie, et je me suis refait une belle déco intérieure.
 
Après avoir épuré l'espace et installé des plantes vertes un peu partout dans mon cœur, j'ai commencé à parler à un gars sur les Internets. Je l'avais connu grâce à l'autre dans un show de radio et nous nous étions ajoutés sur Facebook. Remarquez que c'est la seule et unique chose positive qui ressort de cette relation : le rencontrer, lui. Et un jour, comme ça, dans ma boîte de réception, j'avais un message dans lequel flottait une invitation latente à aller lancer des roches dans le fjord. La fin de semaine suivante, j'ai quitté l'inertie de mon divan, j'ai roulé 500 kilomètres pis je suis allée visiter le Saguenay.
 
À la fin du weekend, nous étions accoudés au bar, à boire une p'tite bière d'après‐midi. Il m'a regardée avec des yeux de biche pour me demander de caller malade le lendemain et de rester une journée de plus. C'est bien peu dire comment le temps que nous avions passé ensemble avait été magique. T'sais, nous avions déjà notre toune venant d'une soundtrack de film indépendant de morte-vivante. J'étais déjà en amour, je nous voyais nous marier pis avoir des enfants.
 


Crédit : The Non-Commissioned Officers/YouTube

 
Ça fait que nous sommes officiellement devenus un couple le 21 décembre 2012. Le calendrier Maya annonçait la fin du monde, alors nous pensions que c'était peut-être mieux de ne pas finir nos jours tout seuls dans notre coin. De toute façon, c'était hors de question que cette petite merveille me passe sous le nez. Il m'offrait de la stabilité, de la confiance et de la douceur. Qu'est-ce que je pouvais demander de plus? Rien pantoute.
 
Aujourd'hui, ce garçon incroyable, je l'ai choisi pour être le père de mes enfants. D'abord, parce qu'il sera ô combien sexy avec ses p'tits jeans, ses lunettes et un bébé dans les bras. Pis, aussi parce qu'il sera le plus gentil. Il lui lira des histoires sur les étoiles, il va être gauche en changeant ses couches et, des fois, il ne saura juste pas quoi faire de ses dix doigts. Mais, je sais qu'il va toujours, toujours, toujours faire de son mieux, en y mettant tout son cœur et, pour moi, ça, c'est le plus important.

Crédit : Mathieu Potvin - Illustrateur   
Montage : Valérie Longpré

 
P.-S. Je t'aime, mon p'tit « maigue saîche ».