Quand le téléphone a sonné ce matin-là, ça a marqué le temps. Celui « d’avant » et celui « d’après. » Quand la voix brisée au bout du fil m’a annoncé que tu étais partie, je n’ai pas eu besoin de demander comment ou pourquoi. Je savais que ce n’était pas la maladie, je savais que ce n’était pas un accident.
 
Ce que je ne savais pas encore, c’est à quel point ce départ causerait un tremblement de terre dans ton entourage.
 
Ça fait dix ans aujourd’hui même, ma belle. Dix ans que les questions, les « peut-être » et les « ça aurait pu » se bousculent dans ma tête. Car si je n’ai plus envie aujourd’hui de revenir sur les raisons ou sur le « avant» , je suis certaine d’une chose : ceux qui s’enlèvent la vie changeraient probablement d’idée s’ils savaient à quel point leur départ bouleverserait la vie de tant de gens.
 

Crédit : Hartwig HKD/Flickr

J’aurais voulu que tes monstres et tes démons se taisent au plus profond de toi, histoire de te foutre la paix un peu. J’entends encore les notes de musique qui résonnaient à tes funérailles pour que chacun retrouve un peu de courage. Je n’ai plus jamais été capable d’écouter cette chanson après.

J’ai eu deux filles depuis ton départ, ma belle. Deux magnifiques poulettes. J’aurais aimé te les présenter. Mais elles te connaissent déjà. Elles ont vu le tatouage dans le bas de mon dos, symbole que j’ai voulu immortaliser pour être certaine que même à 100 ans, tu fasses encore partie de ma vie.
 
Et tu m’aides chaque jour à les éduquer. J’apprends de toi pour les aider à cheminer dans la vie. Je regarde, j’analyse, je me méfie et j’encourage peut-être plus que si tu n’avais pas fait partie de ma vie.

Mais avant tout, je m’implique. J’essaie de faire une différence pour ceux qui contemplent l’abyme. J’ai vu naître une maison dédiée à héberger ces personnes pour leur permettre de prendre un temps de répit. Je suis à chaque fois au rendez-vous quand cet organisme a besoin de moi. Je me plais à penser que si cette ressource avait existé, il y a dix ans, tu aurais pu en bénéficier. C’est ce qui me motive à continuer avec eux.
 
Et si de coucher ces quelques mots sur cette page peut convaincre une autre personne de demander de l’aide avant qu’il ne soit trop tard, tu auras une nouvelle fois contribué à changer les choses à ta façon. Je te remercie à l’avance de m’aider dans cette quête.
 
Je t’aime, je te garde avec moi.
 
Si vous ou un proche songez au suicide, si vous ou un proche avez besoin d’aide, n’hésitez pas.
 
Centre de prévention du suicide : 1-866-APPELLE
Accalmie, accompagnement et hébergement pour personne suicidaire (pour les résidents de la Mauricie): 819-378-8585.