Je plaide coupable. Je suis l’auteure de la première faute. Une vraie grosse erreur : dans ma naïveté de mère en devenir, j’ai confondu doula et sage-femme.

J’aurais dû mieux m’informer quand mon CLSC m’a offert ce service. J’ai pourtant assisté à la séance d’informations. La très zen et gentille sage-femme nous a bien dit que la pleine lune n’avait pas d’influence, que vivre une grossesse était un moment merveilleux dans une vie, que Catherine travaillait en paire avec Isabelle et que Caroline était avec Sylvie, mais sérieux, ces informations me semblaient non-pertinentes au point où j’en étais.

Elle nous a bien expliqué que le suivi avec sage-femme était axé sur le corps et l’esprit, dans la confiance, la douceur et le calme. Que les rendez-vous de suivi étaient d’une heure dans une salle agréable et pas cinq minutes dans une salle aseptisée (d’un point de vue esthétique seulement, je ne commente pas ici la propreté des salles des sages-femmes!). Elle nous promettait d’être là à nos accouchements, rassurante et encourageante.

Bingo! C’est ça que je voulais.

J’ai sourcillé, je l’avoue, lorsqu’elle a insisté parlé d’accoucher à la maison. Ça me terrorisait. Je me disais : « Et si ça se passe mal? » Puis, ma cousine, résidente en urgentologie, m’a raconté une histoire d’horreur de mère et de bébé qui meurent parce que pas transférés à temps à l’urgence. Ça ne m'encourageait pas trop. Je n’avais clairement pas ce courage. Mais nous avions aussi le choix d’accoucher à l’hôpital (il n’y a pas de maison de naissance dans mon secteur). Ok, cool d’abord.

Une question me brûlait les lèvres. J’aurais dû la poser, quitte à m’humilier là, dans cette salle plutôt que devant vous. Mais je n’ai finalement pas demandé : « Et si jamais il faut donner la péridurale, vous pouvez la faire? »

Of course not!

Trois semaines plus tard, je rencontre la sage-femme qui fera mon suivi (et qui n’était pas celle de la rencontre). Aussitôt assise dans son bureau, elle me balance : « Alors maintenant que tu es dans la pratique sage-femme, sache que tu ne pourras pas avoir la péridurale, en aucun cas, à moins d’une urgence médicale. »

J’ai été franche, je lui ai dit que je ne voulais pas particulièrement cette piqûre, mais que la possibilité de pouvoir y recourir me sécurisait beaucoup. Sa réponse ne s’est pas fait attendre : « Alors ça ne fonctionnera pas, tu devras te trouver un autre suivi dans une autre clinique avec un médecin. »

Elle n’a pas essayé de me convaincre, de me rassurer, de me dire qu’il existe une très large panoplie de moyens pour endurer la douleur. Elle ne m’a pas dit qu’elle serait là, qu’elle me préparerait et que je serais fière de moi. Elle m’a plutôt dit qu’un accouchement pouvait prendre deux jours dans la douleur extrême, que je ne mangerais pas et que je vomirais.

Yep.

Je suis sortie de son bureau démolie et sans suivi de grossesse à 12 semaines. À 14 semaines, un médecin dans une clinique loin de chez moi a fini par accepter de me prendre.

Et j’ai accouché NATURELLEMENT, sans rien pour atténuer ma douleur (pas de ballon, pas de bain, pas de massage, rien!) à l’hôpital St-Luc. Mais ça, c’est pour une autre histoire!

Mon expérience me laisse un goût plus qu’amer et surtout beaucoup d’interrogations. On s’en parlera la semaine prochaine!