Fin juillet, mon poste a été coupé et j’ai perdu mon emploi. Cet emploi de rêve que j’occupais depuis tout juste six mois et que j’avais choisi au détriment de trois autres offres à la fin de mon congé de maternité. Des offres qui me garantissaient stabilité et horaire rêvé, mais qui ne comblaient pas mon besoin de me dépasser et de faire réellement ce que j’aime. Je me suis lancé... et j’ai frappé un mur.

Solidement.

Ce n’était pas ma première perte d’emploi. J’avais déjà eu à faire face à cette situation et ça ne m’avait jamais démonté. Pourtant, cette fois-ci, c’était différent. Quand on m’a annoncé la nouvelle, mon premier sentiment a été, à ma plus grande surprise, du soulagement.

Pas que je n’aimais pas mon travail. Loin de là. Mais sans le réaliser vraiment, j’étais fatiguée. Complètement brûlée même. Les derniers six mois m’avaient vidée de toute mon énergie.

Je ne mentirai pas, l’hiver et le printemps ont été particulièrement difficiles. Mon bébé était sans cesse malade. Rien de grave, mais jamais 100% top shape. On ne dormait plus. Des membres très proches ma famille ont eu des ennuis de santé plutôt importants. Moi aussi j’ai commencé à développer des symptômes plutôt inquiétants, nécessitant une série de tests pas du tout rassurants. Par-dessus tout ça, j’essayais de performer à fond au travail, mais, surtout, comme maman.

Retourner au travail, aller reconduire son enfant à la garderie, avoir l’impression de le parker là pendant huit heures et plus par jour, ça mine le moral. J’essayais de me reprendre les soirs et les fins de semaine, me donnant corps et âme pour apaiser le sentiment de culpabilité qui grandissait en moi.

Et malgré tous mes efforts, je ne me trouvais jamais assez bonne. Comme employée, comme mère et comme blonde. Sans m’en rendre compte, je me suis rendue au bord du précipice, à quelques pas seulement de tomber dans l’épuisement total.

Parce que ce genre de sujet nécessite un peu de LOL et des chats .
Crédit : gphy.com
 

À la suite de ma perte d’emploi, mon chum et moi avons discuté longuement et convenu que la décision de travailler à mon compte serait la meilleure option. Je n’avais ni le goût ni l’énergie de reprendre les recherches pour du travail. Je mettrais ainsi fin au stress lié aux nombreuses absences causées par les microbes de fiston et je pourrais enfin me reposer les jours suivants les nuits trop courtes. Il fallait que je prenne soin de ma santé, et vite.

Nous sommes aujourd’hui en octobre. Ça fait déjà deux mois que j’ai sauté dans ma nouvelle vie de travailleuse autonome. Même si tout n’est pas parfait, ces deux derniers mois m’ont fait réaliser et découvrir plusieurs choses sur moi :

  • J’ai découvert que, lorsque j’ai perdu mon emploi , j’avais déjà une petite boule de vie qui était venue se loger dans mon bedon. Une immense surprise pas du tout planifiée, mais tellement désirée.
     
  • J’ai réalisé que, dans l’état émotionnel et physique dans lequel je me trouvais, être enceinte et employée à temps plein m’aurait complètement poussé dans mes derniers retranchements. Cette grossesse est plus ardue que la première : plus de fatigue, plus de douleurs, plus de nausées.
     
  • J’ai découvert que ma capacité à travailler autant qu’avant n’est plus là. Mes contrats actuels ne m’occupent pas à temps plein et c’est par choix. J’ai enfin décidé d’y aller à mon rythme. Même si c’est dur de me l’avouer, je sais que je dois écouter ce que mon corps et ma tête me disent. J’imagine que c’est un peu ça vieillir.
     
  • J’ai appris que la culpabilité est toujours présente, mais sous une autre forme. Je me sens indigne les jours où je ne travaille pas sur des contrats et que fiston est à la garderie, même si j’en profite pour reprendre des forces. Je me sens coupable aussi de ne pas avoir été en mesure de faire comme les autres mamans : conjuguer travail, famille et couple en gardant la tête hors de l’eau. Je me sens coupable de ne pas rapporter autant d’argent à la maison qu’avant, même si mon conjoint me supporte là-dedans. Bref, beaucoup de culpabilité sur laquelle je dois travailler encore.
     
  • Finalement, j’ai réalisé que malgré tous les obstacles franchis et ceux qui restent à franchir, je n’ai probablement pas été aussi bien dans ma tête et dans ma peau depuis un long moment. Mes choix me font certes douter certains jours, mais je reprends du mieux à vitesse grand V. J’ai du temps pour ma famille, mon couple et pour moi. Et ça, ça n’a pas de prix.

Ha oui, et si ce texte est signé de façon anonyme, c’est tout simplement parce que peu nombreux sont les gens de mon entourage à connaître l’ampleur de la situation. Je suis la pro des façades. J’imagine que l’acceptation de tout ça fera partie de mon cheminement.

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Avez-vous déjà atteint vos limites? Comment avez-vous fait pour reprendre le dessus?