Notre histoire a commencé sur un terrain miné, mais je ne le savais pas.
 
En peine d’amour, j’avais besoin de réconfort et d’oubli, de quelqu’un qui vienne caresser mon corps lorsque je baignais dans des volutes alcoolisées, la tête ailleurs et surtout le coeur bien ailleurs aussi. Nous ne savions pas que nos morsures, nos doigts profondément ancrés dans nos chairs, nos cris et nos moments de plaisir allaient se solder par une grossesse.

C’est à peu près à ce moment-là, à quelques jours, peut-être même à quelques heures de l'étincelle où « toi » et « moi » sommes devenus « nous » dans une complète ignorance que tu m’as avoué avoir des sentiments pour une autre femme. Une femme déjà en couple qui songeait à fonder une famille avec son amoureux. Une femme que tu as dit être la femme de ta vie. Une femme que tu étais prêt à attendre. Attendre qu’elle se « libère ».

C’était désagréable à entendre, mais je n’en ai pas fait grand-cas, à chacun son chemin. Je n’allais certainement pas confier les mille morceaux de mon coeur à quelqu’un qui avait déjà trouvé la femme de sa vie. De toute façon, nous n’étions que de passage dans nos vies. Une petite escale, rien de plus. 
 
Sauf que, trois ou quatre semaines après ton aveu, j’essayais désespérément de te contacter. Un accident lors de l’un de nos ébats avait résisté au Plan B. Je portais maintenant le fruit de notre jouissance dans mon ventre et j’étais désemparée.

Tu étais à ce point imbu de toi-même que tu avais répondu bêtement à mes textos, croyant avoir affaire à une fille désespérément amoureuse de toi qui ne cherchait qu’à te revoir pour te déclarer son amour. Entre quatre textos disant « C’est vraiment important que je te parle en personne », j’ai hésité entre te le dire comme ça, à froid, ou à ne pas te le dire du tout.

Si c’était à ce point difficile de te voir, peut-être que ça n’en valait pas la peine et que je devais m’arranger toute seule? Finalement, le soir suivant j’ai répondu à ton booty-call, tu étais chaud, tu avais envie de chair. J’ai saisi l’occasion et je t’ai dit le lendemain, quand tu avais un peu dessaoulé, que j’étais enceinte. Ta première réaction a été de me demander, presque exiger, d’avorter.

Ta deuxième réaction a été de te demander ce qu’elle allait en penser si je gardais le bébé et comment ce serait possible de me faire fitter dans votre future vie, à vous trois. Je pourrais être l’amie de la famille, c’était ton idée pour me faire fitter. En gros, à peine enceinte de quelques semaines, je me faisais déjà évincer du rôle de mère de mon propre enfant, dans tes rêves. Un enfant que je ne savais pas encore si j’allais garder ou non. Mais que tu voyais déjà élever avec elle.
 
Deux semaines après t'avoir annoncé ma grossesse, malgré toute la pression que tu mettais sur moi pour que je me fasse avorter, j’ai décidé de garder l’enfant. Je n’aurais pas pu vivre avec moi-même si je m’étais fait avorter, je le sentais au plus profond de moi, dans mon coeur, mon esprit, jusque dans mes tripes. Je t’ai alors dit que soit tu restais ou bien tu prenais la porte et on ne se verrait plus.

Tu étais déçu de ma décision, triste de devoir l’annoncer éventuellement à ta famille, tes amis, mais surtout à elle. Tu m’as dit vouloir assumer ta responsabilité, que c’était ton devoir de rester. J’ai accepté.
 
Et l’Enfer a commencé.