À cause d’une lettre écrite à Julie Snyder, peut-être, je suis maman. Je fais partie de la cohorte des Québécois et des Québécoises qui, à partir de 2010, peu importe le statut matrimonial, peu importe le revenu, a eu le pouvoir d’exaucer leur désir de parentalité avec le soutien de l’État. 

Grâce aux pressions de Julie Snyder qui a défendu la gratuité des traitements, j’ai mis au monde un bébé. J’ai bénéficié du programme de procréation médicalement assistée (PMA) dont l’accès vient d’être limité avec l’adoption du Projet de loi 20. Un exemple de démocratie unique en Amérique du Nord qui a rendu heureux un nombre considérable d’individus; d’autant plus que l’infertilité est en croissance. Selon Statistique Canada, de 12 à 16% des couples en âge de procréer n’arrivent pas à concevoir d’enfant, alors que ce taux n’était qu’à 5% en 1984. 

Or, ce programme dont l’optique était d’aider les Québécois désireux de mettre au monde une vie (alléluia!) et d’en prendre soin, vient d’être abattu! 

Crédit : surrogacy
 

Il m’a fallu plus de 7 ans de traitement en clinique de fertilité pour parvenir à procréer mon bébé.  9 ans d’essais. J’ai été un corps dans lequel on plante des seringues, une éponge qui avale des litres d’hormones, une constellation d’ecchymoses, une cage d’os, une fille défectueuse, un brouillon que je tentais vainement de mettre au propre, une hystérique qui pleure et qui crie.

Puis, j’ai mis au monde. Et tout est redevenu clair, lumineux. Je vivais. Pour de vrai, M. Barrette!

Pendant presque deux ans, le petit corps de quelques cellules de mon bébé (qui a maintenant 20 mois) a été maintenu gelé. Puis, par un jour de dernière chance, jour de miracle, mon 3e embryon (mon dernier souhait) a été glissé dans mon ventre, a planté ses racines dans ma vie, s’est accroché. Son petit être (je ne sais par quel prodige de la science) s’est cousu au mien.

Crédit : Anne Genest
Ma Laure a 20 mois et 9 ans d'essais.
 

S’il n’en avait été du coup de main de mon gouvernement, je ne serais jamais devenue maman. Nous n’en avons pas les moyens. Mettre 10 000$ à chacun des essais est IMPOSSIBLE. Il y avait les prêts étudiants à rembourser (coucou le 20 000$!) avec un salaire de crève-faim.

Pourtant, malgré ce parcours en dents de scie, malgré les échecs répétés (et peut-être grâce à Julie Snyder et au gouvernement) mon couple se tient encore debout, aujourd’hui. Et nous sommes d’autant plus solides depuis qu’une petite vie marche avec nous. 
 
Voilà pourquoi, je dis non à la loi 20, M. Barrette. Tout être vivant a le droit d’être parent. Je refuse l’idée que notre société tue le désir de procréer.

Que pensez-vous du droit d'être parent?