Avec le temps j'ai remarqué que ma vie avec mon fils crée un malaise dans certaines discussions. Voyez-vous il serait plus facile de parler de pluie et de beau temps, mais ma réalité en est souvent tout autre.

J'ai souvent eu l'impression de ne pas pouvoir me mettre à nue. Je me sentais perçue comme une femme forte et cette pression est énorme. À chaque fois je vis le syndrome de l’imposteur. Comme si élever un enfant à besoin particulier relevait de l’héroïsme. Comme si je devais passer mon temps à m’apitoyer sur notre sort. Certaines fois, j'ai même fini par cesser de parler de nous tellement je sentais que c'était trop, juste trop.

J'ai besoin de parler. Me taire, faire comme si tout ça n'existe pas ne rendrait pas mon quotidien moins réel. Je dois pouvoir parler normalement de mes inquiétudes, de mes visites à l’hôpital sans solliciter votre peine.

Lorsque je parle de ces rendez-vous, que j'utilise de gros termes, ce n'est pas pour faire pitié. Ce n'est pas pour minimiser la grippe de votre dernier ou le manque de sommeil du plus vieux. J'en parle pour normaliser ma vie, pour ne pas en faire quelque chose d'extraordinaire. Parce que ce ne l'est pas!

C'est différent certes, mais pas extraordinaire.

Plus jeune, je n'avais jamais, au grand jamais, imaginé ma vie comme étant celle de la maman d'un enfant à besoin particulier. Si j'avais eu la possibilité de choisir, j'aurais probablement avorté, mais ça, c'est dans ma vie d'avant. Dès le début, dès la deuxième barre sur le test de grossesse, j'aimais la petite vie qui prenait place dans mon ventre. J'avais fait la promesse à cet enfant que je l'aimerais de tout mon être. C'est tout, pas de magie, pas de courage ni de super pouvoir, juste de l'amour.

Alors, parlons-nous, de tout de rien,mais surtout parlons-nous normalement.

Parlez-moi de comment vous trouver le monde de la maternité pas si rose bonbon, parlez-moi de vos relations qui des fois battent de l'aile. Parlez-moi, au contraire, de vos succès, des belles choses qui vous arrivent. Mon fils ne vivra probablement pas cela, je vis par procuration à travers vos histoires. Des fois, elles me font du bien, d'autre jour elles me font mal mais, elles me font apprécier chaque pas de géant de mon fils. À ces moments précis, je peux m'identifier à vos enfants et, là, je me sens normale.

Devenir maman d'un enfant différent ou d'un enfant typique comporte souvent des défis identiques. Je fonctionne par essais erreurs, il y a des jours ou je me plante royalement et, même si je parle de pneumonie au lieu de grippe, j'ai la même inquiétude que vous lorsque je vois la chair de ma chair souffrir.

Je ne fais pas pitié, ma vie n'est pas trop lourde et je ne suis pas mon fils. Après tout, qui peut clamer haut et fort que la maternité, y'a rien là? On a tous nos défis, on ne devrait pas s'isoler ou se cacher d'en vivre des plus gros. On devrait pouvoir en parler simplement pour extérioriser que des fois, on est dans le gros néant et dans le fond on a juste besoin d'amour pour se relever.

Alors, merci Jérémi, Véro, Isa, Cath, Polo, Maude, Ced, Cindy, Alex, Mathieu, Kath, Caro, Jess, Gab, Francis au pluriel, Janie, Marco , Judith, Phil , Jim et Sarah d'avoir été là pour nous. D'avoir mis vos peines de côté pour être l'oreille qu'il nous manquait.

Est-ce que ça vous est arrivé de sentir que les autres ont de la pitié pour vous? D'avoir l'impression de ne pas fitter dans ce monde qu'est la parentalité?