Le dimanche 10 janvier prochain sera diffusé, sur les ondes de Canal D, le documentaire Parents Inc. L’équipe à la barre de ce reportage mettra en lumière la dynamique parent-enfant dans un contexte sportif, mais pas n’importe lequel : dans l’univers du hockey mineur québécois. Notre fierté nationale.

Depuis que des extraits de l’émission ont commencé à circuler, j’ai l’estomac en boule et le cœur à l’envers pour certains de ces jeunes, pour la plupart encore des enfants, qui vivent une pression parentale incommensurable pour performer. Même si ce n'est qu'une minorité, c'est déjà trop.

Le phénomène n’est pas nouveau ni isolé. Il est répandu, récurent et affecte tous les calibres de jeu; de pré-novice jusqu’au junior et de la lettre C à AAA. Il suffit d’avoir mis les pieds une seule fois dans un aréna pour assister à ce qui ressemble parfois à une foire. Une foire où certains spectateurs (majoritairement des parents) semblent, par moment, avoir carrément perdu la raison.

Je pense à ce parent debout sur le banc de l’estrade à crier, à dire quoi faire, à engueuler lors d’un mauvais jeu ou qui semble se pavaner lors des victoires. Ce parent qui vit son rêve à travers son enfant. Qui voit la LNH comme le but ultime d’une vie réussie. Qui n’a souvent jamais même atteint le même niveau que son enfant lorsque lui-même jouait.

Je pense aussi à ces jeunes, à la pression et aux commentaires négatifs qui ne s’arrêtent malheureusement pas sur la glace et à l’aréna. Ils prennent toute la place, tout le temps. Dans l’auto, à la maison, seul à seul ou même devant les amis. Ils s’incrustent dans leur esprit et les jeunes viennent à croire que leurs parents ne les aimeront plus ou ne seront plus fiers d'eux s’ils ne performent pas. Leur univers tourne entièrement autour du hockey.

Aujourd’hui, en tant que maman, mais surtout en tant qu’adolescente qui a fait beaucoup de sports d’équipes compétitifs, j’ai envie de crier à quel point c’est inacceptable. Parce que j’ai vu des amis le vivre et qu’aucun enfant, au nom de n’importe quel sport, ne devrait pas avoir à subir cette pression parentale qui dérape.

Au nom de quel rêve et de quelle passion ont-ils le droit de détruire, à coup de commentaires négatifs, l’estime de ces enfants? Les faire vivre dans la crainte constante de décevoir, de ne pas en faire assez. Dans la peur de subir la colère et la déception face à une mauvaise performance.

Le rôle de parent c’est celui d’encourager, de féliciter, de souligner l’effort et de consoler les déceptions. Point. Si ce n’est pas le cas et bien c’est que le parent a failli à son rôle dans cette sphère de la vie de son enfant, aussi cruel que puisse être ce constat. Même si ces parents ne représentent  qu’une minorité parmi tous ceux qui accompagnent admirablement bien leur jeune, leur attitude et leur comportement se doivent d’être décriés haut et fort.

Le sport pour un enfant c’est un passe-temps, un exutoire, une passion, SA passion. C’est l’opportunité de se faire des amis et de sortir de sa routine. Il doit être une source de fierté et de dépassement de soi. Une occasion d’apprendre à accepter la défaite, mais aussi apprendre à être un bon gagnant.

Le parent doit endosser le seul rôle qui lui revient : celui d’accompagnateur qui offre du support moral et un appui inconditionnel.

La possibilité que tous les enfants qui jouent au hockey soient Sydney Crosby est plutôt faible, avouons-le. Concentrons-nous alors à voir le sport pour ce qu’il a d’extraordinaire à offrir et surtout, l’utiliser pour contribuer à faire de nos enfants des jeunes et des futurs adultes fiers, équilibrés, confiants et convaincus que la fierté parentale n’est pas conditionnelle à leurs performances sportives.
 
Je vous invite fortement à regarder ce docu-réalité parce que, plus nous serons sensibilisés, plus nous pourrons agir collectivement pour que le hockey puisse conserver ses lettres de noblesse.