J’ai toujours voulu être enseignante. Déjà à la maternelle, j’en étais convaincue. Je n’ai pas changé d’idée, malgré un court flirt avec la psycho. Une vocation, qu’ils disent.

Ces temps-ci (allô, précarité), j’enseigne au préscolaire. J’ai donc 19 enfants à ma charge. J’ai aussi les deux miens à la maison. S’occuper de 21 petits humains de moins de 6 ans jour après jour s’avère une tâche pas mal plus ardue que celle que je m’étais imaginée.

Des crises, all day long
À la maison, chaque matin comporte son lot de chaos. Une toast coupée en 2 au lieu d’en 4 morceaux, un verre trop plein ou pas assez, un bas mal mis; tout est propice à une crise à intensité variable.
 

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À peine arrivée en classe, la gestion de crise continue : un élève qui en regarde un autre un peu trop longtemps, un élève qui décide de toucher le sac d’école d’un autre, un élève qui « emprunte » le crayon d’un autre, etc.

Après le travail, direction garderie. Vous connaissez la suite. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de coupure et que mon shift de travail (ou est-ce celui de maman?) n’a pas de fin. Les tâches sont tellement semblables que j’ai l’impression que ma pause ne vient jamais. Au moment de gérer la 22e crise de la journée pour une banalité, je dois me parler fort pour me rappeler que, pour cet enfant, à cet instant précis, c’est réellement un problème.

Du temps pour les enfants des autres
Travailler en étant maman rime bien souvent avec culpabilité, peu importe le métier. Pour moi, travailler avec des enfants accentue ce sentiment. Alors que les miens passent la semaine à la garderie, je m’investis corps et âme pour les enfants des autres. Quand j’arrive le soir, avec le peu d’énergie qu’il me reste pour mes propres enfants, j’y vois bien souvent un non-sens.

Pas facile pour le cœur de maman
Des enfants puckés, j’en croise un bon nombre. Grande sensible que je suis, ma carapace professionnelle a été longue à bâtir. Elle fout un peu le camp depuis que je suis maman. Sachant maintenant tout ce que ça implique d’être parent, j’ai souvent plus de mal à me détacher de la situation. 

Mon cœur balance entre la colère envers ces parents inadéquats qui hypothèquent la vie de mes petits humains (oui, je suis du genre possessive comme enseignante) et la tristesse en pensant à mes enfants qui ont tout dans la vie, alors que tellement d’autres ne partent pas à égalité. Au quotidien, dans mon travail, je ne laisse rien paraître; mais au fond de moi, je sais que ma perspective a changé du moment que mon fils est né.

Malgré tout, je considère que je suis une meilleure enseignante depuis que je suis maman. Je crois aussi que d'être enseignante m'outille dans mon rôle de mère. Quand mes enfants m’en font voir de toutes les couleurs le matin, mes élèves me paraissent tellement smooth. Au contraire, quand j’ai passé une journée d’enfer en classe, l’intensité de mes enfants ne me dérange plus autant.
 

À peu près mon attitude.
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Je pense et j’agis aussi davantage comme une maman. Je suis une enseignante plus à l’écoute, plus affectueuse et plus attentive aux besoins des enfants. J’ai encore la flamme pour le moment et j’espère qu’elle ne s’éteindra pas avant longtemps.

Travaillez-vous avec des enfants? Avez-vous des trucs pour concilier travail et famille?