J’avais une vie avant d’être maman. J’avais des rêves, des plans et des buts. J’allais à l’université, je m’entraînais, je prenais soin de moi. Je m’obstinais à propos de pas mal de choses, je lisais les journaux et je regardais des émissions d’actualité.
 
Aujourd’hui, si nous nous parlons, il se peut que je te parle de mon nouveau-né. Que je te dise que je me lève plusieurs fois par nuit. Que je te dise que s’occuper d’un nouvel être demande beaucoup de travail, mais surtout beaucoup de patience et de sourire. Il se peut que je t’envoie des photos, que je répète cent fois à quel point il est beau et merveilleux. Que je te dise à quel point sa tête sent bon et que j’adore allaiter.
 
Effectivement, il se peut que son arrivée soit le sujet principal de mes conversations.
 

       
Comment résister?
Crédit : Virginie Chaloux

 
Il se peut aussi que je dise des choses comme « Je ne savais pas qu’on pouvait aimer de cette façon-là » ou encore « Je donnerais ma vie pour lui n’importe quand, car je ne sais pas ce que je ferais aujourd’hui s’il n’était plus là demain. »
 
Toutefois, ça ne veut pas dire que j’ai oublié celle que je suis. On n’efface pas 24 ans d’existence sous prétexte que nous devenons parent. Je vais encore à l’université, je prends encore soin de moi et je lis encore les journaux. Seulement, ce n’est pas ce dont j’ai envie de parler pour le moment. 
 
Mes buts sont maintenant motivés par quelque chose de plus, de même que la réalisation de mes rêves. Je ressens moins le besoin de m’obstiner à propos de tout et rien sur les réseaux sociaux, car je préfère mettre mon énergie ailleurs. Si tu me demandes si j’ai lu le dernier statut de telle personne, les chances sont grandes que la réponse soit négative.
 
Je ne perds plus mon temps à aller stalker les personnes qui m’énervent, trop occupée à vivre un bonheur immensément plus grand et surtout, plus important.
 
Je n’ai pas commencé à vivre le jour où je suis devenue mère. Je n’avais pas une vie plate, avant. Pour vivre, j’ai vécu. Peut-être même trop. Au point où j’ai parfois dû survivre et non vivre. Mais il est vrai que j’ai commencé une nouvelle vie le soir de sa venue. Il est vrai que ça a ouvert de nouvelles portes, sans en fermer d'autres pour autant.
 
Il est vrai qu’aujourd’hui, je trimbale une merveille de sept livres sur deux pattes dans un porte-bébé plusieurs heures par jour. Au lieu de regarder ce qui m’énerve, je le regarde lui. Au lieu de vouloir voir mon égo se faire flatter, c’est sa tête que je caresse. Au lieu de me plaindre à propos de n’importe quoi, j’essaie d’apaiser ses pleurs à lui. Et c’est beau tout ça.

Il est évident que je ne suis plus la même personne. En fait, j’ai l’impression d’être devenue une version améliorée de celle que j’étais avant et non l’inverse.