Ces derniers jours, je dois vous avouer que j’ai dû ressortir mes bons vieux exercices de relaxation et de respiration des boules à mites. Le cerveau de matante Guylou spinnait en masse. 

Une curieuse rumeur circule encore, soit celle de « GUÉRIR » l’autisme. Juste ça, et des petits boutons m’apparaissent sur le corps. 

Je ne suis pas scientifique, je ne suis qu’une maman de 2 enfants autistes, en santé, qui rendent ma vie plus belle et qui la rendent aussi plus compliquée. Pas parce qu’ils sont « malades », mais bien parce que la structure sociale actuelle nous abandonne littéralement. 

Mais ça, c’est un autre cheval de bataille. 

Je retourne pour l’instant à la bouze tendance du moment, soit « GUÉRIR » l’autisme. 

Ça fait maintenant 14 ans que je baigne dans le milieu de l’autisme, j’ai tout lu sur le sujet. Des livres, des études, des articles, name it. J’ai moi-même coupé le gluten et la caséine de l’alimentation de mon plus jeune à l’annonce de son diagnostic, il y a 10 ans. J’ai cuisiné du pain sans gluten, bien avant que les épiceries offrent des produits du genre.

Je me revois sacrer après ma machine à pain et cette pâte qui ne levait pas. J’ai en mémoire le visage de mon petit bouclé de 3 ans qui faisait la baboune à la vue de cet affreux pain qui goûtait la chandelle. Je l’ai « vidé » de ses vilains métaux lourds à grands coups de produits naturels. Pourquoi? Parce que je venais de recevoir un diagnostic d’autisme et que je me sentais impuissante. On veut tous que nos enfants soient heureux, right

Des mois sans produits laitiers et agrémentés de pains à la texture cireuse et… pas de résultats! Bien du lait est passé sous les ponts depuis. Non seulement ai-je accepté la condition de mes enfants, mais je me promène partout à travers le Québec pour parler, avec amour, de la différence. 
 
Il n’y a rien de nouveau dans ce genre de régimes, ça existe depuis longtemps. Des dizaines de livres ont été écrits là-dessus. 

C’est ben correct. Je ne condamne nullement un parent qui veut le bien de son enfant. Là ou je trouve que ça devient discutable, c’est quand monsieur et madame tout le monde, après avoir vu une entrevue ici ou là , nous conseillent avec conviction de « changer leur manger » et que tout va s’arranger.

C’est très, très complexe l’autisme. Même moi, je ne peux même pas l’expliquer en longueur. Ne pensez-vous pas que si c’était un remède miracle, une compagnie pharmaceutique en aurait vite fait une pilule?  

Ce que je trouve le plus triste, c’est que ça met une pression supplémentaire sur des parents qui sont déjà essoufflés. Sur des enfants et adultes autistes qui travaillent déjà assez fort pour comprendre un monde qui leur est hostile. Pensons donc un peu à eux, dans tout ça. 

C’est bien dommage que ce genre de stunt divise les parents et alimente les préjugés. Je suis fleur bleue je le sais, mais je suis certaine que l’amour inconditionnel, avec ou sans gluten, reste le plus puissant des remèdes. 

C’est à nous parents, d’utiliser notre instinct. 

Autre chose TRÈS importante, écoutons attentivement les autistes, ce qu'ils ont à nous dire. Ne sont-ils pas les premières personnes concernées?
 
Je vous laisse sur un savoureux échange avec mon fils Léo, grand sage de 15 ans et autiste.
— Toi Léo, aimerais-tu être guéri?
— Guéri de quoi?
— De l’autisme… 
— Mais c’est quoi cette shit Guylaine? That’s who I am, deal with it, world!

(Ah, pis vos ado seront « ado », autistes ou pas!)

Et vous, chers parents d'enfants autistes (ou pas, soyons inclusifs), ça vous fâche autant que moi toutes ces histoires de « guérison »?