Tu avais 15 ans. Tu avais la vie devant toi, une famille aimante, des amis proches.  Tu vivais des moments difficiles. Tu étais convaincu que c’était irrémédiable. Tu as choisi la mort.

Tu avais 15 ans. Un soir d’été, je t’ai vu arriver dans ma salle d’urgence. Un simple short de basket sur le corps, torse nu, et cette marque. Ce faux collier autour de ton cou. Cette trace qui délimitait ta souffrance et le regard des ambulanciers qui trahissait leur angoisse.

Tu avais 15 ans. Nous avons tout fait pour te ramener parmi nous. Durant des dizaines de minutes. Il nous était insoutenable d’envisager pouvoir échouer dans notre tentative d’effacer ce geste. Puis, bien malgré nous, nous avons dû nous résoudre à nous avouer vaincus. J’ai alors fixé la longue ligne sans vie sur le moniteur cardiaque, complètement hypnotisée par cette image signifiant que c’était sans retour.

Tu avais 15 ans. Tes parents sont entrés dans la salle où se murait un silence de mort. Là où chaque humain portait une part de culpabilité face à ce magnifique adolescent qui avait commis l’irréparable. Parce que nous avions échoué. Comme adultes. Comme société. Nous t’avons laissé croire que le suicide était une option. Une solution.

Tu avais 15 ans. Jamais tu n’entendras le cri poussé par ta mère lorsqu’elle a constaté que c’était terminé. Ce cri guttural. Cette mère à qui nous venions d’arracher les entrailles. Son bébé était là et il reposait sans vie. 15 ans plus tôt, un cordon avait fait grandir en elle la vie et aujourd’hui, une corde la lui avait enlevée.

Tu avais 15 ans. Une simple chicane entre tes parents et toi a constitué l’élément de trop dans ta souffrance. La ceinture de ta robe de chambre aura suffi à mettre fin à 15 ans de vie. Cette image hantera ton frère à jamais. Ce frère qui, pensant aller discuter pour libérer ta colère, s’est retrouvé face à ton corps en suspension. Comme dans un cauchemar. Pour lui, il sera sans fin.

Tu avais 15 ans. Tu ne verras jamais tous tes amis qui ont défilé à tes funérailles. Leur visage marqué par la douleur, l’incompréhension et le sentiment de ne pas avoir été là pour toi. De ne pas avoir su lire ta souffrance. Ce gouffre silencieux qui te rongeait par en dedans.

Tu avais 15 ans. Tu étais impulsif. Tu étais souffrant. Tu n’as pas su appeler à l’aide. Tu ne sauras jamais que tu aurais pu t’en sortir. Que tu aurais pu être heureux. Que tous ceux que tu aimais auraient remué ciel et terre pour t’aider à traverser cette dure période de noirceur.

Tu avais 15 ans. Pour toi, il n’y a plus jamais eu de demain.

Pour tous les jeunes qui souffrent autant que toi, le suicide n’est pas une option.

C’est une solution permanente à un problème temporaire.

Il y a TOUJOURS de l’aide. Toujours.

Il y a un numéro : 1-866-APPELLE. Pour vous, pour votre enfant. Pour votre ami. Pour vos parents. Pour toute personne de qui vous vous souciez.

Dites-lui : « T’es important pour nous! »

En cette semaine de la prévention du suicide, partagez.