Le texte sur la dépression de mon conjoint, publié il y a quelques semaines, a suscité beaucoup de réactions. Depuis que j’écris pour TPL Moms, c’est le texte qui m’a valu le plus de message et commentaires. Je comprends, vous souhaitez connaître la suite. Comment ça va deux ans plus tard? Notre couple a-t-il survécu?

Je ne vous mettrai pas ça beau. Je ne vous dirai pas que j’ai trouvé ça facile, car c’est faux. Les gens qui n’ont jamais vécu avec une personne en dépression voient ça parfois beaucoup plus simple que ça ne l’est! Pour bien des gens, une fois la médication et la thérapie mises en place, c’est une question de semaines avant que les choses rentrent dans l’ordre. Parfois c’est le cas, mais d’autres fois non. Chez moi, dans ma maison, ça a été plus long.

Au départ, nous avons cru que la dépression de mon conjoint était uniquement liée à la non-acceptation de la différence de notre fille. Il faisait son deuil de l’enfant normal. En fait, la différence d’Ariane a été la goutte qui a fait « exploser » son vase rempli depuis longtemps. Des histoires qu’il a préféré ne jamais régler. C’était plus simple de passer à autre chose. Plus simple sur le coup, mais au moment de sa dépression, tout ça est remonté.

Tout ce qu’il avait enfoui au fond de lui l’a frappé du jour au lendemain. Tout était devenu noir, sans issue. Trop gros pour être surmonté! J’ai littéralement dû lui tenir la main et l’accompagner à ses suivis médicaux. J’ai du m’occuper des formulaires pour son employeur, les assurances, le chômage, etc. J’ai aussi compris l’importance d’avoir une procuration, car le bon vouloir ne suffit pas pour régler les dossiers qui traînent! Conjoint de fait, ça ne vaut rien! Du stress, j’en ai vécu à la tonne durant les premiers mois de sa dépression!

J’ai du être patiente, compatissante et faire preuve de silence. J’ai pleuré aussi, de mon côté. Ça fait mal de voir l’homme que tu aimes descendre aussi profond dans ses blessures. Ça fait mal de te sentir impuissante. C’est difficile de demeurer impartiale et de ne pas te mettre à détester ceux qui sont à l’origine de cette même souffrance. Par contre, ça ne devait pas paraître quand j’étais avec lui. J’ai du être celle qui écoute et non celle qui rage ou qui a mal pour lui.

Mon plus gros défi?J’ai du apprendre à me distancer de sa douleur à lui. Cette dernière ne m’appartient pas. Ne pas sombrer avec celui ou celle qu'on aime, c’est le danger quand on accompagne quelqu’un dans la dépression. Il est donc important d’aller chercher de l’aide à son tour si le besoin s’en fait sentir. Un membre de l’entourage est parfois une bonne oreille, mais si vous devez ensuite la rassurer parce qu’elle s’inquiète pour vous, le psychologue peut être une meilleure option. Aller vider son trop-plein dans le bureau d’un psychologue fait un bien fou! Tu vides ton sac pendant une heure, tu sors de là avec une tonne en moins sur les épaules, merci bonsoir! Bon, ce n’est pas gratuit, mais ça devrait l’être!

Comment ça va aujourd’hui? Mieux! Il fait preuve d’un courage et d’un lâcher-prise assez impressionnant. Je parle au présent, car un aussi grand ménage ne dure pas 3 mois. C’est parfois une question d’année. Se remettre de l'explosion causée par des années à encaisser peut prendre des années, justement.

Faire autant de ménage dans sa tête et son cœur ne laisse pas une personne inchangée non plus. Je ne vis plus avec le même homme que j’ai rencontré. Ce n’est pas pire, pas mieux. C’est simplement différent. Par contre, je ne regrette pas d’être restée. Il a la volonté de guérir ses plaies et c’est ce qui fait que je suis encore là.

La dépression, ça fait mal, mais c’est parfois un mal nécessaire. Nécessaire pour retomber sur ses pieds, libérer ses épaules et réaliser que les blessures, vaut mieux les guérir quand elles surviennent plutôt que de simplement les panser, les cacher, et s'en occuper quelques années plus tard.

Avez-vous accompagné votre partnaire ou un proche dans une grande épreuve, comme la dépression? Comment avez-vous fait pour l'aider?