Il y a quelques semaines, cet article de La Presse+ sur le maquillage et les fillettes a beaucoup circulé dans mon feed Facebook. Tout le monde y allait de son opinion à savoir s’ils étaient pour ou contre.

D’un côté, certains s’opposaient complètement à ce que leurs jeunes filles en portent afin d’éviter l’hypersexualisation d’une nouvelle génération et pour s’assurer que leur progéniture ne fasse pas le lien que maquillage = beauté. De l’autre côté, j’avais des mères des parents qui défendaient l’utilisation du maquillage pour les jeunes filles en disant qu’il n’y avait aucun mal à vouloir « être jolie » à un si jeune âge, si ça pouvait « leur faire plaisir ». Bref, deux visions diamétralement opposées. 

Pis moi, ben je lisais tout ça et j’étais comme juste « meh ». 
 


Crédit : Giphy.com

Pourquoi? Tout simplement parce que pour moi, le maquillage ne veut rien dire. Il y a des jours où j’en mets et d’autres, pas du tout. Qu’est-ce qui motive ma décision de le faire ou pas? Seulement l’envie de parfois faire ressortir mes yeux, me donner un peu de teint ou expérimenter une nouvelle couleur de rouge à lèvres. Bref, pour le plaisir. 

Pas pour mon bien-être personnel, pas pour me sentir belle. Pas pour répondre aux critères de la société, juste parce que, des fois, ça me tente. 

Quand j’étais jeune, le maquillage n’a jamais été tabou chez nous, pas plus qu’il était encouragé. Ma mère en portait pour aller travailler ou pour les occasions spéciales. Tout comme ses souliers à talons hauts ou la cravate que mon père ne portait qu’au travail. Pour nous, les enfants, le maquillage tombait dans cette même catégorie : ça faisait partie du fait d’être une grande personne. Rien de plus.

Lorsqu’on demandait d’en mettre, ma mère s’exécutait avec plaisir. Tout comme elle le faisait quand on lui demandait de jouer avec ses souliers ou ses vêtements, pour se « déguiser » en adultes. C’était un jeu, tout simplement. Et mon frère ne faisait pas exception à la règle. Il voulait du vernis à ongles? Il en avait. Au final, lui, ma sœur et moi-même, nous ne voulions que faire comme nos parents. 

En vieillissant, j’ai eu envie d'essayer le maquillage. J’ai pigé dans le vieux stock de ma mère et je m’en suis acheté du neuf à mon goût. Ma mère, à ce moment-là, ne m’a jamais encouragée en me disant que j’étais plus belle maquillée. Elle s’est plutôt fait un devoir de me sensibiliser au fait que se maquiller n’était pas une nécessité, que je pouvais le faire si j’en avais envie, mais ce n’était en rien lié à la beauté, au succès ou aux normes de la société. Elle a fait en sorte que ça soit une simple banalité.

Qu’on s’entende, je ne vis pas sous une roche. Je sais qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour contrer la sexualisation précoce des fillettes, pour leur faire réaliser, dans un monde rempli de stéréotypes, que l’apparence ne prime pas sur la personnalité, que le maquillage n’est pas gage de beauté. 

Je pense toutefois qu’il y a un problème à partir du moment où l’on prend une position trop ferme sur le sujet. Pour des raisons évidentes, je suis complètement en désaccord avec ces parents qui contribuent à perpétuer l’idée que le maquillage équivaut à un plus grand niveau de beauté, en mentionnant à leurs fillettes à quel point elles sont plus jolies avec du fard ou du brillant à lèvres. Tout comme je suis persuadée que les parents qui démonisent le maquillage nuisent tout autant à la cause. 

Il n’y a en effet rien de plus tentant pour un enfant que l’interdit. Et quoi de plus néfaste pour une jeune fille que de se maquiller en cachette ou de le faire pour contrarier ses parents? Ne serait-ce pas plus sain de bien l’informer, de la sensibiliser afin qu’elle puisse faire ses propres choix? C’est mon humble avis. 

Je n’ai pas encore de fille. Juste un petit garçon de deux ans qui me demande une fois de temps en temps de lui mettre du mascara, parce qu’il me voit faire et qu’il veut m’imiter. Je fais toujours semblant de lui en mettre et ça le fait rire. Je compte bien lui apprendre que ce n’est pas nécessaire, que maman n’est pas plus jolie avec. Et si j’ai une fille un jour, je ferai pareil avec elle. 

Que pensez-vous de ce débat? Quelle est votre position sur le sujet?