J’ai 30 ans, je suis en couple depuis plus de sept ans, mariée depuis un an et demi, ma carrière est établie, financièrement stable, et je suis amoureuse par-dessus la tête. Vous comprendrez donc que j’ai toutes les « caractéristiques » établies par la société comme étant le bon timing pour fonder une famille.
 
Depuis que j’ai 18 ans, les médecins m’ont mentionné qu’il serait difficile pour moi de tomber enceinte dû à un problème de santé. J’ai eu beaucoup de peine de cette situation pendant des années. J’ai toujours appréhendé le moment où mon conjoint et moi allions nous donner le « go » pour essayer d’avoir des enfants. J’étais jalouse des filles qui tombaient enceintes facilement. J’avais peur que ce soit long, compliqué et rempli de tristesse. Je peux donc dire avec certitude qu’après seulement six mois d’essai, quand j’ai vu deux barres sur le test de grossesse j’étais aux anges!
 
Aujourd’hui, à onze semaines et trois jours de grossesse, mon bébé est toujours dans mon ventre, mais son petit cœur ne bat plus depuis un peu plus de deux semaines. Je suis en période de « curetage chimique ». C’est le moment où on vous donne des médicaments pour évacuer le tout (c’est le jargon médical!).
Malgré tout, j’aimerais dire que je vais bien, très bien même, je suis sereine et surtout mon deuil est fait. Le seul problème : je me sens tellement mal de si bien réagir! Je me dis que je n’ai peut-être pas d’instinct maternel, que je suis une sans cœur. Don’t get me wrong, j’ai pleuré! Beaucoup pleuré. J’ai été fâchée et déçue. J’ai senti que je laissais tomber mon conjoint, même si je sais que ça n’a rien à voir et que lui ne sent aucunement que je le laisse tomber au contraire, il est d’un support exemplaire.
 
Ce sentiment m’a poussée à me questionner. Suis-je normale de bien vivre cette interruption de grossesse alors que cet enfant était tellement désiré?
 
J’ai pris ma décision, et j’ai décidé que j’étais normale et que c’était correct de faire son deuil rapidement et d’accepter la situation. Ma famille, mes amis et mes collègues ont été d’un support incroyable. Énormément de gens m’ont partagé leur expérience de fausse couche et ça m’a fait beaucoup de bien. Je ne garantis pas que je n’aurais pas de périodes plus difficiles, mais je crois sincèrement que c’est possible d’accepter la situation de manière sereine et d’approcher l’avenir avec positivisme, et surtout avec le menton bien haut!
 
Je voulais partager ce billet puisque je pense qu’il est important de discuter de ce sujet tabou et surtout des différentes réactions possibles. C’est une situation difficile, et je crois sincèrement que les femmes ne devraient pas se rajouter une pression supplémentaire à cause du regard des autres.