Dans 5 jours c’est ma date prévue d’accouchement. Mais je n’accoucherai pas. Je fais maintenant partie des statistiques, j’ai fait une fausse couche. Ça n’arrive pas qu’aux autres, 10 à 20 % des grossesses se terminent ainsi. Ça fait mal pareil, même si c’est fréquent.

Au début de l’automne dernier, un bébé surprise s’est glissé dans mon bedon. Fiston n’avait pas encore un an, je venais à peine de reprendre le travail,  bref, ce n’était pas prévu. Mon chum et moi étions sous le choc, débordés par cette nouvelle disons-le surprenante. Au bout de quelques jours, nous avons retrouvé notre enthousiasme. Parce qu’on en a un à la maison, parce qu’on l’aime à l’infini et que le cœur est bien capable d’en prendre d'autres.

Le p'tit homme qui fait battre notre coeur!
Crédit: Maxime Tardif

Les jours ont passé, j’ai eu des nausées, j’ai dormi sur le divan en écoutant la télé le soir et j’ai même eu le temps de voir poindre une forme arrondie sur mon bedon. Et puis, un lundi, en pleine échographie, j’ai appris que le cœur n’y était pas. C’était fini. J’étais à presque 12 semaines, mais bébé lui, avait arrêté ça à 8.

On me disait que je ne devais pas trop attendre, que je devais prendre une décision vite. On me proposait le curetage ou les médicaments pour faire ça à la maison. Mon chum pleurait et moi j’ingérais ce qu’on me disait. Ça devait se passer ce soir ou demain, ça faisait un bail que l'embryon était là.  

Dans l’auto j’ai pleuré beaucoup, c’était Ton Départ de Marc Dupré qui passait à la radio. Déjà qu’il faut être en grande forme morale pour écouter cette chanson-là. Je ne la tolère plus, je ne peux plus l’entendre, désolé Marc.

Après discussion avec chéri, j’ai opté pour le curetage. Je me suis présentée le lendemain matin à l’hôpital fragile et tellement vulnérable. J’avais l’impression que je m’effondrerais à la moindre contrariété. J’avais l’impression qu’on m’enlevait un trésor bien endormi au fond de mon ventre.

Parce que le jour on l’on apprend qu’on est enceinte, que ce soit prévu ou pas, on passe en mode maman. On devient maman, on pense pour le p’tit bébé qui pousse, on fait tout ce qu’il faut pour que tout soit parfait. Ça devient le seul objectif. Et parce que j’ai la chance d’être une maman, la maman d’un petit bonhomme qui pète le feu, je sais ce que j’ai laissé au bloc opératoire ce jour-là. Et c’est ce qui m’a fait très mal.

Vous dire que je n’y pense plus serait vous mentir. J’ai eu besoin d’une pause d’un mois à la maison pour y voir clair et prendre soin de moi. Pour essayer d’arrêter de me sentir coupable. J’ai eu besoin de mon amoureux comme jamais, qui a été merveilleux en passant. J’ai eu besoin de me fermer les yeux sur les grossesses des filles autour de moi. J’ai eu besoin de temps, j’ai vu ça comme un échec longtemps.

 Mais la vie continue et fiston est là, pour me faire rire et me faire apprécier chaque minute. Il est là pour me rappeler chaque jour qu’il est ma plus grande réussite.  

Vous avez vécu une fausse couche qui vous a ébranlée?