J’ai écrit un texte, post-partum sur ma prise de médicament enceinte et ma dépression il y a deux ans. C’est un billet que j’avais écrit avec mon cœur et qui se voulait une vague d’espoir pour les gens dans ma situation. Depuis que je parle de ma dépression sur les sites, je sais que j’ai poussé des centaines de personnes à aller chercher de l’aide, à comprendre les démarches pour le faire et à aller mieux. C’est une roue qui tourne, plus je sais que j’aide, plus j’ai le goût d’en parler. Je n’ai donc pas eu honte d’écrire que j’étais de nouveau dans un épisode dépressif et que ça n’allait pas bien, il y a plus d’un an et tout le processus qui est venu avec. 
 
J’avais demandé après quelques rencontres avec ma psychiatre si je pourrais enfanter de nouveau dans le futur. Elle m’avait simplement répondu que j’avais encore le temps, j’étais encore jeune. 
 
La vie m’a prise de court et m’a mis une petite surprise dans le ventre en novembre dernier. J’avais pourtant pris des dispositions pour ne pas tomber enceinte, mais comme la vie me l’avait déjà appris deux fois (un avortement et un awesome enfant plus tard) : on ne décide pas tout le temps quand on fait des enfants.
 
Je me suis prise assez tôt pour aller voir le médecin parce que je connaissais déjà le chemin et ce que ça impliquait d’être enceinte sous antidépresseur. Nous avons pris la décision d’arrêter les somnifères, même si ma dose d’antidépresseur m’empêchait de dormir correctement. J’ai aussi pris un rendez-vous pour baisser ma dose de médicaments, parce que ça faisait des mois que j’étais stable.
 
Je me suis aussi bien entourée de personnes qui peuvent m’aider quand la fatigue et les hormones me jouent des tours. Mes médicaments n’ont pas d’effet connu sur la progéniture que je porte (contrairement aux risques que j’avais avec les anciens pour les malformations cardiaques) alors je me sens quand même bien avec ma décision. Je vois ma psychologue une fois toutes les deux semaines et j’essaie de me ménager et faire du télétravail quand je sens que la fatigue prend le dessus. Je gère mes émotions comme elles viennent, comme une personne normale presque 😉 et je ne prends pas de drogue ni d’alcool, histoire de mettre toutes les chances de mon côté. J’ai fait ce choix avant même de tomber enceinte, parce que je place mon enfant et ma santé avant avoir du fun et « décrocher ». J’ai aussi fait le choix de prendre des médicaments au lieu de me battre contre des idées suicidaires, parce qu'une maman médicamentée sera toujours mieux qu'une maman qui essaie de mourir. 
 
Je ne suis pas mal à l’aise par rapport à mes choix et quand on me demande pourquoi j’en parle (ou mon opinion sur le sujet), je sais que ça aide beaucoup de monde à aller chercher de l’information auprès de personnes qualifiées et de faire un pas dans la bonne direction pour se sentir bien. 
 
J’ai pas la science infuse sur les maladies mentales, mais je continue de penser qu’une personne avertie en vaut deux, quitte à ramasser des commentaires de marde par des gens qui ne connaissent fuck all ma situation sur Internet. Je sais qu'il y a plus de positif à recevoir que de négatif et de jugements, même si les gens n'ont pas trop de filtres sur le Web.
 
Ma conscience sera toujours plus tranquille de me faire juger par des quidams sachant que j’ai peut-être sauvé des vies en m’ouvrant sur les parties les plus sombres de ma vie.