Avouez que ma photo fit bien avec le titre? Ouin, c’est moi lorsque j’avais 7 ans.

J’avais un Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) sans le savoir et en plus j’avais une face de p’tite criss. Une dent de devant en moins, le toupet croche et les freckles à volonté, t’as beau avoir une coupe au carré, tu ne trompes personne.

La reine des coups par en dessous, c’était moi. En plus, je parlais tout le temps. Donnez-moi de la copie, ça ne me fait pas peur. Pas de trouble pour le piquette en avant du bureau du directeur, ça ne me fait pas peur non plus. Même à -30°C pendant la récréation, si tu penses m’empêcher de parler dans le rang, avec ton piquette, oublie ça. Ouin, à Baie-Comeau nous sortions en récréation même à -30°C. De toute façon, sur la Côte-Nord c’est pas mal la température de base donc c’est ça ou tu ne sors pas de l’hiver. Tu es contente quand il ne fait pas -40°C. Ce n’est peut-être plus comme ça, mais à l’époque, c’était de même. Remarque qu'avec le réchauffement climatique, tout est possible!

Ça a l’air amusant raconté comme ça, mais en fait, non. Mes études primaires et secondaires ont réellement été pénibles. Avec les professeurs, on s’entend, mais ce n’était pas la joie avec mes camarades de classe non plus. J’ai détesté l’école dès la maternelle et le plus beau jour de ma vie – mis à part la naissance de mes enfants – fût le dernier jour d’école en secondaire 5.

D’après moi, si La Reine des neiges était sortie en 1999, j’aurais gambadé jusqu’à chez nous en chantant « Libérée, délivrée » à tue-tête.  Mes voisins n’en auraient même pas fait de cas, car c’était en plein mon genre. Ma comédie musicale ambulante aurait sûrement pris fin en croisant le regard de mon père se traduisant clairement par « Nadia les voisins ». Une petite ville, t’sais…

Sérieusement, heureusement que mon père était une figure d’autorité assez imposante parce que je sais que j’aurais mal viré. La seule raison pour laquelle j’ai fait des études postsecondaires, c’est parce que j’étais la fille de mon père. Il n’était pas tout à fait d’accord avec mon choix de carrière, mais je lui ai vendu l’idée en vantant le fait que la formation en commercialisation de la mode comportait des cours de finance et de comptabilité. Il y a juste moi pour vanter un programme avec les deux seuls cours que je suis susceptible de couler. J’ai passé les examens sur les fesses, mais j’ai réussi. Par contre, pour le reste de mes cours, j’étais excellente. Les meilleures notes de ma vie. Je suis passée de la fille qui avait des notes passables – passables comme dans la note de passage – à good jobe Nad, t’es pas si cruche finalement.

Malheureusement, c’est ce que ça occasionne un TDAH ou autre trouble d’apprentissage non diagnostiqué. Malgré ma personnalité très colorée, mon estime personnelle était à zéro. Au final, j’ai décoché un super stage qui m’a permis d’avoir mon premier emploi dans le milieu de la mode et j’ai même travaillé aux achats, qui est le secteur que la majorité des diplômés en commercialisation de la mode visent. Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Assez surprenant que la p’tite criss soit l’élue.

C’est probablement en raison de mon parcours que lorsqu’une personne a cru bon venir faire son show commenter sur la page Facebook reliée à mon blogue, sous l’un de mes statuts que des petits criss ça existe, qu’il ne fallait pas nécessairement leur mettre une étiquette de TDAH sur le front qu’ils devront traîner toute leur vie. J’ai répondu du tac au tac qu’une étiquette de p’tit criss est beaucoup plus dévastatrice qu’un diagnostic de TDAH. Je sais de quoi je parle, mettons.

Le succès que j’ai eu lors de mes études postsecondaires – parce que j’étais motivée, intéressée et valorisée –, j’aurais pu l’avoir durant mon enfance et mon adolescence. Si au lieu de faire du piquette et de la copie, la p’tite criss avait été diagnostiquée et outillée, elle n’aurait pas eu l’impression d’être libérée d’un poids énorme une fois son secondaire terminé et elle aurait sûrement un meilleur souvenir de tout ce qui a précédé.

Pour en savoir plus sur le TDAH, visitez le site de T.D.A.H. mon amour