En secondaire 1, quand la vie s’ouvrait à moi, je rêvais déjà à la fin du calvaire : ma graduation, qui serait suivie de mon bal de finissante. J’ai eu cinq ans, CINQ ANS!, pour rêver de ce jour où, copiant mes films préférés, j’allais attraper mon diplôme dans un enthousiasme explosif et le brandir devant les yeux larmoyants de ma mère, qui chanterait spontanément l’hymne national (J’ai un faible pour le rêve américain). Puis, en secondaire 5, j’ai participé au comité de l’album, j’ai magasiné ma belle robe médiévale et j’ai préparé le grand jour avec impatience. Puis, j’ai goûté ma réussite, savouré ma victoire : à moi la vie d’adulte, la liberté, le cégep! #GreaseLightning

Sauf que j’étais tellement naïve, hein? Les enfants d’aujourd’hui ont une expérience incroyable en matière de graduation. Ils ne s’énervent plus pour un diplôme, puisqu’ils en reçoivent à toutes les sauces, à tous les moments, toutes les fois où ils sont bons! Je suis vraiment contente de savoir que je partage ce souvenir impérissable de mon passage symbolique de l’enfance à l’âge adulte avec des tout-petits. Ils pourraient sûrement m’en apprendre sur la manière dont on tient un diplôme pour émouvoir la galerie, ou comment bien poser, habillé d’une toge.

Pas de blague! : diplomation de garderie, de Passe-Partout, de maternelle, du parc du coin, du jour où il a réussi à attacher le soulier en papier dans sa classe, avec une belle boucle solide… L’enfant d’aujourd’hui, c’est un professionnel de la graduation!

Parce qu’à 12 ans, ils ont levé leur diplôme très haut à de nombreuses reprises pour la photo qui doit leur rappeler plus tard leur éclatante réussite de vie, je proteste : c’est trop! Ils ont réussi quoi, à la garderie, qui mérite d’être diplômé? À arrêter de se moucher sur les gens? Qu’on ne se méprenne pas, je suis une maman fière de TOUS les petits exploits réalisés par ses chérubines, mais qu’est-ce qu’on leur fait, à tout officialiser comme ça? Un câlin, un high-five : trop rétro? La carotte de la réussite n’est pas tendue devant eux, on leur enfonce dans la bouche de force. « Va chercher ton mortier Jérémie, on va fêter la réussite de cette salade grecque! »