Avez-vous déjà vu le travail du photographe suédois Johan Bävman sur les congés de paternité? Son magnifique livre Swedish dads montre le quotidien banal d’hommes qui ont choisi de s’investir longuement dans les premières années de vie de leurs enfants. 

 Martin Gagner, 35 ans, en congé de paternité durant 7 mois, Suède
Crédit : Johan Bävman/ Swedish dads

Des récentes études en neurobiologie démontrent que le taux de prolactine des hommes augmente et le taux de testostérone diminue lorsqu’ils sont en long et étroit contact avec des bébés. Pas nécessairement les géniteurs, ça peut être n’importe quel dude avec l’enfant de n’importe qui. C’est incroyable : du moment où l'homme s'investit, il peut devenir papa, en subissant même les changements physiologiques qui vont avec le rôle.

On peut donc devenir père. Pour l’être, il y a juste une façon : bâtir, jour après jour, sa paternité, avec ce que ça implique de présence et gestes répétés. Il n’y a pas de shortcut. Être père, c’est construire dans le quotidien. Faut être là. Et être là, ça veut dire prendre sur soi son lot de couches à changer, sa tonne de LEGO à ramasser. Avec la lassitude des nuits entrecoupées, des bobos à soigner, des repas à préparer, des petits malheurs à soulager. 

Être papa, c'est pas seulement aller jouer au soccer le samedi matin.
Crédit : Giphy

 
Ça, c’est la partie facile. La plus difficile, c’est la charge mentale à assumer. La charge mentale d’un parent : savoir l’heure du coucher de l’enfant et où se trouve le pyjama. Connaître sa collation préférée et en avoir stockée suffisamment. Remarquer la taille des souliers et quand ils sont rendus trop petits. Reconnaître les yeux vitreux avant le rhume. Savoir quoi mettre dans le sac avant de quitter la maison pour le cours de natation auquel vous l’avez vous-même inscrit, après avoir trouvé celui qui n’était pas trop loin de chez vous, qui fittait avec son niveau et qui coïncidait avec la sieste.

C’est changeant, incessant, envahissant.

Cela n’arrive pas par magie. Des politiques peuvent l’encourager. En Suède, le congé parental s’établit comme suit : 480 jours de congé parental au total, parmi lesquels 60 jours sont minimalement et exclusivement réservés aux pères. Minimalement.

Scène typique à Stockholm. Des mecs se promènent en gang de gars, avec leurs ki​ds
Crédit : Pepperrepublic/ Instagram
 
Le père de mon petit vient de ce pays scandinave où il a pris 9 mois de congé de paternité.  Le jour où j’ai terminé mon congé de maternité, je suis retournée travailler pendant qu’il est momentanément devenu homme au foyer avec notre fils. Ils ont appris à se connaître. Il a appris à devenir père. À partager avec moi la charge mentale. Nous sommes alors enfin devenus des parents égaux.
 
Mais c’est aussi un changement de culture, un choix de société. Si on veut que les pères s’investissent, faut transformer les mentalités. En Suède cela n’a rien d’extraordinaire qu’un père reste à la maison durant des mois. On s’y est habitué, y compris les employeurs qui s’attendent à ce que les travailleurs masculins quittent leur emploi, parfois presque un an, pour s’occuper des petits. #ÉgalitéMuch

Pour la fête des Pères, je souhaite rendre hommage à tous les papas de ce monde, qui prennent de plus en plus leur rôle à cœur dans une société qui change. Finalement, je nous souhaite l’égalité!  
En attendant, je vous suggère d’aller vous rincer l’oeil sur Instagram avec le hashtag #pappaledig (EnCongéDePaternitéEnSuédois).

 
Pensez-vous que nous devrions changer les choses au Québec pour inciter une plus grande présence des pères?