J’ai eu une enfance différente.

J’avais bien deux parents, un frère, un chien et deux chats! On habitait une maison en campagne, entourée de champs de blé d’Inde, quelque part dans les Cantons-de-l’Est.


De l’extérieur, on était comme tout le monde. Pourtant dans mes classes d’école primaire, quand les enfants décoraient des boules sur leur sapin, moi je dessinais un sapin tout nu. Quand les enfants coloriaient des citrouilles, moi je coloriais des carottes. Quand les enfants fêtaient les fêtes, j'y étais toujours absente. Les  fêtes de princesses roses, les cadeaux sous l’arbre de Noël et la magie de décorer un sapin en famille, je n’ai rien connu de tout ça. Pour des raisons religieuses, toutes ces activités m'étaient interdites. Mon temps libre était plutôt réservé à étudier la bible.
Crédit : Kyle Nabilcy/Flickr

À 16 ans, suite à une remise en question sur mes propres convictions religieuses, j'ai pu souffler mes premières bougies. Je n’ai jamais pu fêter l’Halloween ou faire la chasse au coco de Pâques, car j’étais devenue bien trop vieille. Le seul anniversaire que j’ai toujours fêté, c’est l’anniversaire de mariage de mes parents, qui de toute façon, est parti en fumée depuis bien longtemps!
 
Est-ce que j’ai eu une enfance malheureuse? Non. Je ne connaissais pas le reste. Je ne savais pas ce que c’était de vivre autrement. Pour moi, c’était juste normal d’être différente. Différente, dans le sens où j’étais la minorité dans un groupe. Comme Caliméro (oui je suis née dans les années 1980) ou bien le vilain petit canard, j’étais la seule de mon clan.
Crédit : Emilio Di Fabio/Flickr

Cette éducation m’a permis d’établir mes limites et de me créer mes propres ambitions. Très jeune, j’ai su que je ne voulais pas de ce mode de vie. Je ne voulais pas me sacrifier, je voulais vivre le moment présent avec mes propres valeurs et mes propres croyances.

Avec du recul, je sais que ça m’a forgé tout un caractère. Ça m’a permis d’apprendre à dealer tôt avec la pression sociale et surtout à faire ma place dans la vie. Par-dessus tout, ça m’a fait devenir l’être humain que je suis et j’en suis fière.

Aujourd’hui je suis mère, et évidemment, je veux que mon fils vive pour ses convictions et non pour celles des autres. Je veux qu’il se forge un caractère malgré ce que la société lui dit de faire. Je veux que son enfance soit heureuse, saine, magique et débordante d’imagination. Je veux, s’il en a envie, qu’il puisse faire partie de la majorité. Et oui, si pour y arriver, il lui faut un gâteau au chocolat pour son anniversaire, courir l’Halloween déguisé en pirate ou bien  s’asseoir sur le père Noël, je le ferai avec plaisir.

Avez-vous eu une enfance différente?