Depuis le début de son primaire, mon plus vieux a du mal à suivre. Pourtant, il a travaillé fort, plus que les autres même. Nous avons passé des heures à réviser, à recommencer sans qu'il ne se décourage. Parfois, il disait qu'il n'était pas bon, qu'il était poche. Je lui ai répété inlassablement qu'il avait de la difficulté et que ça ne définissait pas sa valeur. Mon cœur de mère voulait le préserver de ce sentiment d'échec, de cette impression de différence et garder son estime intacte.

C'est ainsi que s'est déroulée une bonne partie de sa scolarité, réussissant de justesse ou échouant de quelques points. Il passait alors à l'année suivante. Son amour de l'école et son envie d'apprentissage étaient inaltérés. Je l'encadrais beaucoup et je continuais de l'encourager.

Puis l'an dernier, à la toute fin de sa quatrième année, il y a eu cette rencontre pour le plan d'intervention puisqu'il était en échec. Cette année, il ne passerait pas de justesse. Cette année, il devrait la recommencer. J'avais mal pour lui, car je savais ce que cela signifiait pour un garçon de dix ans. Le drame que ça représenterait pour lui de voir ses amis aller en cinquième, d'être avec des plus jeunes, de se sentir vraiment différent. De plus, fiston est né en octobre, donc il avait déjà presque un an de plus que les autres. Maintenant, il en aurait deux.

C'est le cœur lourd que nous devions lui annoncer. À ma grande surprise, il n'a pas beaucoup réagi. Les semaines ont passé et son comportement a changé. Il ne jouait plus, ne courait plus, passait des heures devant la télé ou juste étendu sur son lit. Son skateboard prenait la poussière et son vélo ne traînait jamais dans l'allée du garage. Je savais que je devrais avoir une conversation avec ce petit homme qui définissait mal son ressenti.

Je me suis donc assise à côté de lui et c'était suffisant, car il a pleuré tout de suite. Il a pleuré toutes les larmes de son corps pendant un bon moment. Il a crié qu'il ne pourrait pas recommencer, qu'il n'était pas capable de le faire, qu'il n'aurait pas d'amis et que là, c'était clair qu'il n'était pas bon. Je suis juste restée là à l'aimer. Il n'y avait rien d'autre à faire. Puis, je l'ai serré et je lui ai dit : je sais que tu es capable, je le sens que tu as cette force et je serai là avec toi. Il a pleuré souvent cet été-là. Nous avons parlé aussi souvent qu'il a pleuré.

Sa motivation s'est réanimée quelque part en août et en septembre, il y retournait de bon cœur. Malheureusement, l'école n'a pas respecté le plan d'intervention et fiston n'a pas eu le soutien nécessaire. L'échec, au sens scolaire, s'est poursuivi. L'estime de mon fils a décliné et lentement, il a décroché. Il oubliait ses travaux, travaillait moins bien et se sentait découragé en permanence. Pour la première fois, je n'avais pas les mots justes ni de plan B. J'étais juste une mère désemparée. Néanmoins, nous avons été chercher de l'aide afin qu'il termine l'année sur une note positive. C'est mission accomplie. À quelques jours des vacances, mon fils aime de nouveau l'école. 

J'espère maintenant que son parcours sera plus aisé et que l'on encadrera mieux ces enfants qui évoluent moins facilement dans le milieu scolaire conventionnel afin de leur permettre de prendre leur envol sans avoir à verser de larmes vaines.

Êtes-vous un parent d'enfant vivant des difficultés scolaires et comment vivez-vous avec cela?