Mes filles ont besoin d’une suce. C’est comme ça, ça doit être génétique!
J’ai donné naissance à des châtaines aux yeux marron qui tètent des suces.
 
Quand Juliette était tout bébé, j’ai vite compris que c’était là un soin de réconfort et que ça l’aidait beaucoup à se calmer, à dormir, à se rassurer.
 
Puis, elle a eu un an. Puis 18 mois. Puis deux ans. Là, c’était le bon moment pour commencer à la lui retirer. « Coupe le bout petit à petit, elle va se tanner à la longue» m’avait dit son médecin. C’est ce que j’ai fait. Pas eu le temps d’en couper plus qu’un millimètre qu’elle me la tendait en disant « pas bonne ». Pas nounoune, ma fille!

Crédit : Paule Vermot-Desroches
À deux ans, elle avait du style, même avec sa suce! 

Je trouvais toujours de bonnes excuses pour retarder le moment fatidique. Pas maintenant, je suis retombée enceinte. Pas maintenant, il faut la mettre sur le pot. Pas maintenant, c'est la naissance de sa petite sœur. Pas maintenant, elle doit partager sa chambre avec le bébé.
 
Autrement dit, ce n’était JAMAIS le bon moment de tenir notre bout et de lui retirer sa suce (allô les parents qui sont les seuls à être blâmés, ici). Après tout, elle n’avait ni doudou, ni toutou préféré. Sa suce était son seul réconfort. Comment lui retirer ce plaisir sans se sentir coupable?
 
Nous avons limité l’utilisation à la voiture et au dodo seulement. Déjà, c’était moins dur. Mais à l’aube de ses quatre ans, il n’y avait plus de bonne raison. Pas pour ce qu’en disaient les autres (ça, je m’en fous un peu), mais pour lui donner la chance de comprendre qu’elle n’avait plus besoin de cette béquille depuis longtemps.
 
Plusieurs semaines avant sa fête, j’ai commencé à aborder le sujet. À quatre ans, on peut arrêter la suce! On devient une grande fille et on passe à autre chose. Elle semblait bien l’intégrer. Je lui ai alors proposé de choisir elle-même comment elle dirait au revoir à sa suce le jour de son anniversaire. Elle l’envoie dans le ciel à un petit bébé qui n’a pas de suce? Elle la poste au Roi des Lapins (oui, j’ai lu Cajoline)? Elle l’enterre dans le jardin?
 
Juliette a choisi la poste. Mais c’est plutôt à Mousseline, la petite sœur de Caillou, qu’elle voulait la poster. Nice! Enfin quelqu’un qui se soucie de Mousseline (#JokepasJoke).
 
Je la revois pleurer en mettant sa suce dans l’enveloppe. Je la revois, les yeux tristes dans la voiture, dans sa jolie robe d’anniversaire. Je dois admettre que j’ai failli flancher quand elle m’a lancé, la voix tremblotante : « Maman, je suis encore un peu une petite fille ».
 
Mais je la revois aussi tellement fière de tendre sa grosse enveloppe toute déformée à l’employé de Postes Canada, qui par ailleurs, a tellement bien embarqué dans le scénario que c’était difficile de croire que cette enveloppe finirait à la poubelle plutôt que chez Mousseline.
 
Ça fait déjà quelques jours de ça. Je ne vous cacherai pas que le début du dodo est encore un peu laborieux, mais il n’y a rien qu’un gros câlin ne peut soulager.
 
 
Quels ont été vos trucs pour dire au revoir à la suce?