Lorsque nous étions une famille de trois, ma fille était le centre de notre univers.
 
Deux analystes professionnels, ça donne une parentalité assez intense. Chaque micro-développement était constaté et félicité, chaque moment passé avec elle se devait d'être stimulant ou amusant, chaque activité choisie était aussi considérée de son point de vue. Ouais, ce genre de parents.
 
Il y a eu beaucoup de défis et de difficultés, mais le temps nous a permis de passer au travers. Nous avons choisi d'adapter notre vie à notre idéal de cellule familiale. Ce n'est pas mêlant, nous vivions quasiment pour rendre notre fille heureuse. 
 
Et c'est ainsi que s'est construit notre petit château à trois.

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Le choix d'avoir un deuxième enfant s'est fait dans le même état d'esprit : que ce serait amusant qu'un nouvel être se joigne à notre trio dynamique!
 
La vie a fait que cette petite avait besoin de soins. Nous avons passé un minimum d'une heure aux deux semaines à l'hôpital pendant ses quatre premiers mois : urgence, hospitalisations, spécialistes, suivis et rendez-vous. Toute notre énergie était concentrée et canalisée vers le rétablissement de notre deuxième enfant.
 
Le monde tel que le connaissait mon aînée avait drastiquement changé. Aucune préparation n'aurait pu la prémunir ou l'aider à traverser ces bouleversements.

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Avec la fatigue accumulée, la culpabilité face à notre première fille s'est installée assez rapidement et fortement. Souvent, je n'étais pas présente ou disponible pour la routine de dodo habituelle. Au quotidien, j'avais moins de temps de jeu, de lecture et de câlins avec elle. Nous lui demandions sans cesse d'attendre, de patienter ou de comprendre.

Pendant les périodes où la santé de sa cadette était moins bonne, nous ne pouvions pas toujours l'informer à l'avance de notre absence, ce qui lui causait de la peine et de l'anxiété. Il y a aussi eu ce moment où papa et moi avons manqué son spectacle de la garderie à cause d'un rendez-vous médical qui s'est étiré. Ma grande fille m'en parle encore, près d'un an plus tard, et le cœur me serre à chaque fois.

Au travers de tout cela, nous tentions du mieux que nous pouvions d'accueillir et de comprendre ses crises, des appels pour obtenir plus d'amour et d'attention. Mais l'énergie, le sommeil et la patience nous manquaient souvent. 

J'ai pleuré de nombreuses fois, rongée par la culpabilité de ne pas pouvoir offrir le meilleur de moi-même à mes deux enfants équitablement, de ne plus être la mère enjouée et active que j'aurais souhaitée.
 
Mon aînée a développé une merveilleuse relation avec son père depuis. Ensemble, ils tentent de reconstruire le château de sable emporté par la vague.

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Cette nouvelle réalité familiale m'a toutefois obligée à faire le deuil d'une image de la maternité et d'une vie à quatre ludique et légère.
 
Armées de pelles et de sceaux, j'espère que nous pourrons les rejoindre bientôt pour fortifier les fondations de ce nouveau château.

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Avez-vous vécu une telle situation avec vos enfants?