Un article publié récemment dans The Guardian et portant sur le maternage proximal a fait réagir notre communauté. D’ailleurs, ma collègue Alyson avait déjà parlé des raisons qui l’avaient amenée à s’intéresser à cette pratique ici.
 
L’article posait cette question : Le parentage proximal (attachment parenting ou AP) est-il une forme de masochisme? Une façon détournée de réasservir les femmes en leur faisant porter le poids d’une hypermaternité? Est-ce la meilleure façon d’élever un enfant? Ça m’a donné l’occasion de réfléchir à mes propres choix en tant que maman.
 
J’allaite encore mon fils de 14 mois. Il dort dans notre lit. Je pratique le portage, la diversification alimentaire menée par l’enfant (DME). Je ne le laisse jamais pleurer... Bref, je pourrais cocher la majorité des cases du test de la bonne maman proximale. Pourtant, j’hésite à me réclamer d’une idéologie. J’essaie d’être maman simplement, de façon organique.


Crédit : Liz Bridges/Unsplash

Enceinte, on m’a offert un livre du Dr Sears, pédiatre qui a développé la théorie de l’AP dans les années 70. Je l’avais lu avec une vague sensation de suffocation. Allaitement à la demande, cododo, réponse immédiate aux besoins… ouf! Ma bedaine ne devait pas aider, mais je cherchais littéralement mon souffle en parcourant ces pages.

 
Pourtant, à la naissance de mon fils, un sentiment de protection féroce a fait en sorte que j’étais incapable de dormir sans l’avoir à mes côtés. Je souhaitais allaiter, et le bébé prenait le sein comme un chef. Il pleurait dès que je le déposais, alors je le gardais dans mes bras… Ce que j’essaie de dire, c’est que j’ai fait des choix sur la façon de materner mon enfant, non pas basés sur les conseils d’un livre ou par idéologie. J’ai fait des choix basés avant tout sur la simplicité.

 Crédit : Josué Bertolino

Le cododo, la DME, le peau à peau, le portage… Mes calculs étaient à la limite du simplisme. Je n’ai pas besoin de me lever? Je peux boire mon café chaud? Je n’ai pas de poussette à trimballer du troisième étage? J’adhère! Est-ce que ça me convient? Parfaitement. Par contre, je n’ai aucunement la prétention de croire que j’ai réponse à tout ou que je suis une meilleure maman qu’une autre.

 
Toute chose portée à son extrême peut devenir un cadre rigide auquel il est difficile de se conformer. Je déplore que, dans certains cas, on polarise le débat. On dépeint les mamans dites proximales comme des intégristes de la maternité, des anti-féministes qui se sacrifient sur l’autel de la perfection. Dans l’autre camp, on démonise celles qui « osent » faire du 5-10-15 ou donner du lait en poudre. Le parentage proximal s’impose aussi souvent comme la seule option valable pour élever un enfant émotionnellement confiant. Une pierre de plus à l’édifice de la culpabilisation des mères.
 
Les pratiques de maternage regroupées sous la bannière de l’attachment parenting sont l’apanage quotidien de mères du monde entier. Je serais d’ailleurs curieuse d’entendre ce qu’une mère malienne, balinaise ou japonaise aurait à dire sur le sujet… Pour ma part, je ne me sens ni masochiste ni en quête de la perfection. J’essaie d’y aller à ma façon, ni plus ni moins.

 Crédit : Aleksandar Popovski/Unsplash
 

Je suis une femme et non un quelconque bien marchand. Vous ne me verrez donc jamais porter une étiquette et, comme toutes les mamans, j’élève mon enfant selon ce qui fonctionne pour lui, pour moi, pour notre famille.
 
Quelle étiquette refusez-vous de porter?