Ma toute mini-puce,

J'en veux au monde entier. J'en veux à la vie de me donner autant d'incertitudes. Depuis que j'ai su, à 32 semaines de grossesse que tu avais quelque chose qui clochait avec ton tout petit corps, j'ai su que notre vie allait être changée à jamais. Toi, notre petit bébé brisé, tant désiré. À ce moment même où j'ai appris que cette grossesse n'était pas banale, mais bien suivie à la semaine près, j'ai su que plus rien ne serait simple.

C'est alors que j'ai fait ta rencontre à 38 semaines de grossesse. Après tous les questionnements, tous les tests de génétiques, tous les rendez-vous médicaux, tu es bien là. Tu es parfaite, toute mini, tellement mignonne, je m'empresse de te regarder sous tous les angles pour prouver à tout le monde que tu es parfaite, qu'ils se sont tous trompés. Mais après quelques heures passées avec toi à ma chambre, ils t'amènent en observation dans une autre unité, loin de moi.

Ici c'est la folie. Des bébés naissent, d'autres partent à la maison, d'autres au ciel. Des moniteurs qui sonnent, des sons, plein de sons, qui sont parfois le reflet d'un événement malheureux dans la vie d'une autre famille.

Les infirmières courent, les médecins vont et viennent, courent entre deux examens. Tous s'occupent des bébés comme toi, qui ont besoin de soins spéciaux. Je passe mes journées ici avec toi, non pas sans pleurer ton grand frère et ta grande sœur  qui sont restés à la maison avec ton papa, qui t'attendent patiemment. Les yeux commencent à me rougir et la fatigue se fait sentir. Je tiens bon, mais les émotions sont à leur comble. Les heures et les jours passent, sans que personne ne soit capable d'être bien précis par rapport à ton état. Une journée tout va bien, l'espoir revient et le lendemain, un autre élément vient brouiller les cartes. Personne ne sait vraiment comment les prochaines heures vont se passer. Personne ne nous rassure, par peur de donner de fausses joies à des parents pleins d'espoir.

Nous sommes dans le néant. Tu sembles si bien aller, pourtant. Tu es si vivante, si belle… Mais encore trop de points d'interrogation restent dans nos têtes. Comment vas-tu être à 1 an, à 2 ans, vas-tu aller à la garderie, seras-tu dans la même école que ton frère et ta sœur? Tant de questions sans réponses demeurent dans nos têtes, tous les jours depuis ta naissance.

Aujourd'hui, entre deux allaitements (t'sais, le temps devient long), j'ai « googlé » (peut-être que quand tu seras grande, Google ne sera plus aussi hot qu'aujourd’hui, mais en 2016, c'est extra!) J'ai donc cherché toute l'information que j'avais reçue des professionnels d'ici pour me faire une idée de notre avenir. Mauvaise idée!!! Google m'a lancé en pleine face tous les pires scénarios, tout ce que tu es susceptible de subir au cours de ta vie. J'ai crié dans ma tête : « Google!! De quoi tu te mêles? Si les meilleurs médecins spécialistes de la province ne m'ont pas parlé de tout ça, pourquoi TOI tu saurais ça, hein? Garde tes suppositions pour toi! »

J'ai fermé mon cellulaire et j'ai décidé aujourd'hui que je faisais confiance à la vie, que je TE faisais confiance, que TOI, tu allais surmonter ces problèmes et que, peu importe ce qui allait se passer, nous serions à tes côtés pour te voir grandir et évoluer. J'ai décidé que les incertitudes, c'était assez!

Je te regarde et j'ai peine à croire qu'à un moment donné durant ma grossesse, j'ai eu des doutes sur toi, sur cet amour. Je sais maintenant que rien ne nous séparera, que rien ne sera plus fort que cet amour, rien ni personne. Pas même la maladie, pas même l'incertitude. Pas même les tests de génétique, pas même les examens médicaux et les nombreux questionnements sans réponse des médecins.

La seule certitude que j'ai en ce moment est que, peu importe comment tu seras à 1 an, à 2 ans, peu importe à quelle garderie et à quelle école tu iras, tu seras MA fille, ma toute mini-puce à moi, ma petite poupée que j'aime plus que tout. Tu auras toujours tout cet amour, si pur, si doux, tu m'auras moi pour t'encourager, pour te soutenir, pour démentir le fait qu'un jour, on m'a dit que tu aurais plusieurs problèmes de santé. Car tu es et seras toujours parfaite à mes yeux.

Je t'aime ma toute mini-puce.