Ce récit d’accouchement ne se termine pas de façon rocambolesque avec un bébé né en 15 minutes dans une salle de bain. Ceci n’est pas non plus une histoire de naissance au dénouement tragique. Il n’y a pas de déchirement en W, de suture au 4e degré ni de césarienne d’urgence. Mon expérience a été simplement heureuse. Pour toutes ces futures mamans qui attendent impatiemment le jour J, j’espère que cette histoire positive saura vous aider à calmer un peu vos angoisses. Parce que assez souvent, tout se déroule bien!

Cette nuit-là, j’étais seule à la maison. Mon conjoint est pompier, il travaillait.
 
0 h 30

Je me réveille, en pensant que j’ai encore de fausses contractions. Je réussis à me rendormir. Le scénario se répète, et encore.
 
2 h
Je comprends. C’est maintenant. Nous allons nous rencontrer, aujourd’hui!
 
Je me sens calme, sereine. Je mets de la musique douce, allume une bougie et m’installe sur mon ballon suisse pour faire des mouvements pour l’aider à descendre. Tout mon focus sera orienté vers cet unique but, accompagner mon bébé. Je lui ai beaucoup parlé tout au long de cette grossesse. Beaucoup répété que nous formions une équipe, qu’elle n’était pas seule.
 
4 h 12

Je préviens mon conjoint. Les contractions sont encore tolérables. C’est une sensation de crampes menstruelles intenses qui vient et part comme une vague.
 
5 h 15
Je perds mes eaux. Il n’y a pas de splash comme dans les films, cela se fait tranquillement sur plusieurs heures.
 
6 h
Mon homme rentre du travail, il est excité, fébrile, prêt. Je suis dans la douche avec des contractions aux trois minutes. Nous partons finalement pour l’hôpital.
 
7 h
Je suis admise à Saint-François d’Assise. Je suis effacée à 90 % et dilatée à 3+.
 
8 h
Notre infirmière assignée, Johanne, débute son quart de travail. Cette dame est un cadeau du ciel. Elle prend la peine de lire mon plan de naissance et de le faire respecter de son mieux. Elle nous épaule dès que nécessaire, se fait discrète le reste du temps pour préserver notre bulle d’intimité.
 
De 7 h à 13 h
Les contractions s’intensifient, la présence de mon conjoint est essentielle et précieuse. Il me permet de rester centrée sur le moment présent. Entre les contractions, il m’encourage et s’assure que je boive et mange un peu. Puis, il me berce sur le ballon, pendant que les endorphines font leur travail et me permettent même de m’assoupir quelques secondes. Pendant les contractions, il exerce des points de pression essentiellement au niveau des sacro-iliaques.  Tout cela a bien fonctionné durant six heures. Je prends un très long bain. Comme je suis la seule en travail actif, sans péridurale, je peux y rester aussi longtemps que je le désire. Bonheur!
 
De 13 h à 14 h
Mon col se dilate de 8 cm à 12 cm. Mes contractions durent une minute trente toutes les deux minutes, donc trente secondes de répit seulement entre chaque contraction. Je perds la tête, perds mon focus, hurle de douleur. Je demande la péridurale.
 
14 h 15
Johanne me prend la main, me regarde dans les yeux et m’annonce que ce bébé, je l’aurai naturellement. L’anesthésiste ne peut pas venir. Je panique intérieurement. Elle soutient mon regard, comprend ma détresse et use de toute l’empathie du monde pour m’aider à me concentrer à nouveau. Ce moment sera à jamais gravé dans ma mémoire.
 
J’ai le temps de pousser deux fois. L’anesthésiste arrive, il a pu se libérer. Je ne reviens pas sur ma décision de prendre la péridurale. Je suis épuisée de cette dernière heure et à ce moment-là, je ne réalise pas qu’il en reste si peu.
 
15 h

La péridurale prend du temps à faire effet et ne fera jamais effet complètement d’un côté. Le travail s’arrête. J’attends. Apprécie l'accalmie. M’inquiète un peu. Le travail reprend. Je sens les contractions venir et sais quand pousser.
 
15 h 41
Ma fille naît. Mon conjoint l’accueille à la sortie. Il est le seul à la prendre. Il la dépose sur mon ventre. Nous pleurons. Je ne réalise plus ce qui se passe dans mon entrejambe. Plus rien n’a d’importance. Notre vie à trois débute!
 
16 h
Johanne termine son quart de travail. Elle quitte discrètement. Je ne me rappelle plus si j’ai eu le temps de la remercier adéquatement. Chose certaine, je sais que je n’ai pas eu le temps de lui dire qu’elle a fait toute la différence dans mon expérience en hôpital et que je ne l’oublierai jamais.